Sites clés en mains et panier complet de services pour réindustrialiser les territoires
La labellisation « sites clés en main », qui permet d’accélérer les procédures d’autorisation de nouvelles activités industrielles, rencontre un franc succès auprès des investisseurs. La Banque des Territoires est engagée à aller plus loin dans l’accompagnement des collectivités, en identifiant et en finançant la mise en place de services supplémentaires qui boosteraient encore l’attractivité. En route vers la zone industrielle de demain !
L’attractivité, enjeu numéro un des territoires industriels
Préconisation portée notamment par le député Guillaume Kasbarian, la capacité à proposer aux investisseurs industriels français et étrangers des sites industriels « clés en main » a trouvé un écho certain au sein des collectivités locales. Il s’agit pour les services de l’Etat de réaliser en amont un certain nombre de procédures – protection de l’environnement, fouilles archéologiques, prévention des risques industriels, audit des infrastructures de transport – afin de garantir que l’autorisation des nouvelles activités industrielles puisse être délivrée dans un délai de dix mois au maximum, contre plus d’un an généralement.
« Il ne s’agit pas de brader l’exigence sur ces conditions préalables extrêmement importantes, mais de les anticiper le plus possible pour gagner du temps par la suite », précise François Blouvac, Responsable du programme Territoires d’industrie à la Banque des Territoires. Ces sites prêts à construire ou presque constituent en effet un important levier de motivation pour les acteurs industriels. Les collectivités ne s’y sont pas trompées, puisqu’elles ont été plus de 300 à répondre au premier appel à propositions lancé par l’Etat dans le but de faire labelliser « sites clés en main » une sélection de zones industrielles. 78 terrains ont été retenus et un deuxième appel a d’ailleurs été lancé, qui s’est clôturé en mars dernier.
Nous travaillons avec les communes et les régions à une couche supplémentaire de services pour améliorer la qualité de l’offre
L’attractivité est l’enjeu numéro un remonté par les territoires – il couvre 36%(1) des quelque 1 600 initiatives recensées au sein du programme Territoires d’industrie, devant l’innovation (30%), le recrutement (24%) et la simplification (10%). C’est dans cette mobilisation pour réindustrialiser la France que s’inscrit la Banque des Territoires : elle a pour ambition d’accompagner les collectivités dans l’identification d’un panier additionnel de services qui complèteraient le « clés en mains » et permettraient d’ancrer davantage l’activité industrielle dans les territoires.
Fournir un panier de services complet aux acteurs industriels
La vision portée par la Banque des Territoires est celle d’une zone industrielle qui, en plus des spécifications classiques telles que la proximité d’une autoroute ou d’une liaison ferroviaire, puisse proposer à des investisseurs potentiels – et même leur garantir – un ensemble de services indispensables à notre époque, tels qu’un accès Internet à très haut débit, la proximité de datacenters, des sources d’énergie décarbonée, ou encore des solutions de gestion des déchets industriels. « Nous travaillons avec les communes et les régions pour comprendre quelle couche supplémentaire de services pourrait améliorer la qualité de l’offre, et donc participer à renforcer l’attractivité ».
Historiquement et encore plus dans le cadre du programme Territoires d’industrie, la Banque des Territoires accompagne déjà de nombreux projets industriels, du conseil au financement. La construction ou l’aménagement de 11 usines ont ainsi été financées depuis le début de l’année 2020, et plus de 1 600 emplois industriels créés. La Banque est engagée, de surcroît, dans la conception d’une offre spécifique à destination des collectivités pour répondre à l’enjeu d’attractivité des zones industrielles. Dans la phase d’expérimentation, la Banque dialogue actuellement avec différents acteurs dans l’objectif de sélectionner deux sites pilotes par région pour identifier des axes d’optimisation de l’offre industrielle. Dans le parc industriel de la Plaine de l’Ain (Auvergne-Rhône-Alpes), une étude est ainsi en cours pour identifier quels services seraient nécessaires pour motiver l’implantation de nouveaux opérateurs industriels. Un travail similaire est en cours dans la communauté de communes d’Artois-Flandres (Hauts-de-France). A Rochefort (Nouvelle-Aquitaine), la collectivité souhaite à la fois unifier ses offres et développer de nouveaux services qui pourraient être communs à plusieurs zones éclatées sur son territoire.
Il s’agit de déterminer et valoriser les atouts spécifiques à chaque territoire
Concrètement, la Banque des Territoires finance ou cofinance avec les collectivités des études permettant de bien cerner les enjeux de réindustrialisation dans les différentes régions. « Ce travail est ascendant par nature », explique François Blouvac. « La labellisation « sites clés en main » recense des caractéristiques génériques, tandis qu’ici il s’agit de déterminer et valoriser les atouts spécifiques à chaque territoire ». Et ce, même si certaines questions sont relativement récurrentes, telles que le compactage d’usines – qui consiste à réduire l’empreinte foncière des activités industrielles afin de limiter l’artificialisation des sols : un changement de paradigme qui passe par exemple par de nouvelles solutions de mobilité afin de réduire la taille des parkings (le trajet domicile - travail est de 9 kilomètres en moyenne dans les zones industrielles en France(2).
Cette phase exploratoire et l’investissement associé permettront à la Banque des Territoires de formuler des réponses particulièrement pertinentes lorsque les projets seront mis en œuvre par les collectivités. C’est en effet la prochaine étape : apporter des solutions de financement de projets, des produits spécifiquement conçus pour des projets tels que la requalification ou la dépollution de friches industrielles, la rénovation ou la création d’usines.
Dessiner la zone industrielle de demain
Parallèlement à ce travail sur le terrain, la Banque des Territoires est également engagée, aux côtés de l’ANCT (Agence nationale pour la cohésion des territoires), dans une réflexion pour envisager ce que pourraient être les zones industrielles de demain. L’analyse porte actuellement sur 8 sites en France, avec pour ambition de créer un nouveau référentiel des équipements attendus par les acteurs et investisseurs industriels.
Créer des liens informels entre les acteurs, asseoir des solidarités, ce sont de vrais savoir-faire
« Il ne s’agit pas seulement d’équipements, mais de manière plus générale de caractéristiques. Par exemple, la présence d’une offre de sous-traitance cohérente ». La crise sanitaire l’a bien souligné, la France souffre d’une dépendance industrielle très forte, en partie liée à une interconnexion insuffisante des acteurs opérant sur le même territoire. Un handicap qui pourrait être éliminé en travaillant sur les chaînes d’approvisionnement, comme cela est en cours dans la région Grand-Est avec le concours de la Banque des Territoires : les pouvoirs publics impliquent les acheteurs industriels dans une réflexion collective visant à leur faire mieux appréhender le potentiel de leur territoire, afin d’être moins dépendants de marchés lointains. « Créer des liens informels entre les acteurs, cartographier les ressources, asseoir des solidarités, c’est un vrai savoir-faire, qu’un territoire peut développer et faire valoir auprès d’investisseurs ». La Banque des Territoires a ainsi mis en place, dans le cadre du plan de relance, un outil de datavisualisation des 148 Territoires d’industrie (qui comptent 30 millions de Français) afin de rendre accessible diverses informations les concernant et créer des passerelles.
Un type d’initiative qui nourrit également l’argumentaire d’autres acteurs œuvrant à la réindustrialisation du pays, tels que Business France dont le rôle est de « vendre » la destination France aux investisseurs étrangers. « Au début des années 2000, on entendait encore de grands capitaines d’industrie affirmer un objectif ‘zéro usine’. On revient aujourd’hui sur cette vision et tous les acteurs sont pleinement mobilisés », se réjouit François Blouvac. Les enjeux sont en effet largement partagés – réduire la dépendance industrielle, mieux résister aux crises économiques ou environnementales, redéployer en France un secteur reconnu comme créateur d’emplois relativement bien rémunérés et très ancrés dans le territoire. Un élan que la Banque des Territoires est engagée à accompagner et accélérer.
(1) https://public.tableau.com/views/DataVizTerritoiresdIndustrie/Accueil?%3AshowVizHome=no