Achat local en Bretagne : une démarche pragmatique qui prend de l'ampleur

En 2023, la région Bretagne dévoilait sa stratégie de relocalisation. Objectif : plutôt que d'investir dans des subventions pour attirer des investissements étrangers, convaincre les entreprises de réaliser leurs achats localement (voir notre article du 8 septembre 2023). Un objectif qui s'est traduit en plan d'actions pour une relocalisation décarbonée adopté le 8 septembre 2023. Le plan repose sur deux études réalisées par le cabinet Goodwill Management. La première, baptisée "Reloc'h", avait estimé le potentiel de relocalisations à 5,5 milliards d'euros de retombées d'ici 2030 avec la création de 130.000 emplois (voir notre article du 15 février 2021), tout en évitant l'émission de 3 millions de tonnes de gaz à effet de serre. Mais comment s'y prendre concrètement ? Depuis un an et demi, c'est à ce travail de mise en œuvre auquel s'attèle Loïc Hénaff, conseiller régional de Bretagne, délégué à la relocalisation d'activités, au fret et à la logistique, et dirigeant du groupe du même nom. "Côté produits de consommation, la Bretagne est la première région française en termes d'achats locaux, nous avons voulu savoir comment avancer concernant les achats des entreprises". Une deuxième étude  - "Reloc'h 2" - a été menée auprès de huit entreprises. Elle estime que 10% environ des achats des entreprises sont relocalisables, dont 3% en Bretagne.

Calculer l'indice breton de l'achat local

"Nous avons créé un comité de pilotage pour sensibiliser les entreprises, les accompagner et les former, explique à Localtis le conseiller régional, et nous écumons ainsi les conseils d'administration des entreprises pour les pousser à cartographier leurs achats, les prioriser, et évaluer les coûts." Le comité comprend l'agence Bretagne développement innovation (BDI), la CCI de Bretagne, la Banque des Territoires, le Medef et d'autres représentants des acteurs économiques locaux. Un comité scientifique complète le dispositif, composé d'Alan Fustec, consultant chez Goodwill Management et Anaïs Voy-Gillis, docteure en géographie et chercheuse sur les questions industrielles (voir notre article du 28 novembre 2023). L'équipe demande aux entreprises de se lancer dans le calcul de l'indice breton de l'achat local. Cet indice est inspiré de l'outil produit par l'Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) pour évaluer la part de fournisseurs bretons, français, européens et hors Europe dans les achats d'une entreprise. Il permet d'identifier les marges de progrès envisageables et ainsi de développer le réflexe d'achat de proximité. "En 30 minutes, un chef comptable peut montrer à son dirigeant la part d'achats réalisés en Bretagne, en France, en Europe, explique Loïc Hénaff, notre idée est que les entreprises se mettent à le calculer, dans le cadre d'une démarche volontaire".

Une Victoire de l'achat local remise en novembre

La région veut aussi financer des parcours de formation "Reloc'h" pour aider les entreprises à renforcer leur politique d'achat local. Ces formations seront délivrées par Bretagne développement innovation. "Nous n'allons pas faire des miracles, mais il s'agit plutôt de transformer la culture des entreprises en matière d'achat local et de voir ces indicateurs progresser, détaille Loïc Hénaff, le tout en parallèle aux efforts de réindustrialisation à proprement parler, via l'accueil de nouveaux investissements étrangers notamment." Et pour installer le sujet de l'approvisionnement local par les entreprises dans le débat public, la région a décidé avec Le Télégramme de créer la Victoire de l'achat local. Lancées en 2014, les Victoires de la Bretagne-Le Télégramme-Crédit mutuel de Bretagne mettent en avant les acteurs qui participent, dans leur spécialité, au rayonnement et à la qualité de vie de la région. 
La Victoire de l'achat local sera remise le 22 novembre à Saint-Brieuc.