Accès à l'emploi : les enfants d'immigrés africains exposés à de la discrimination
Malgré une élévation de leur niveau de diplôme, les jeunes immigrés de deuxième génération sont moins souvent en emploi que les jeunes dont les parents sont nés en France, d'après le Céreq. Une part de cet écart, non expliqué, pourrait être liée à des discriminations liées à l'origine.
Malgré un meilleur niveau de diplôme que dans le passé, les "deuxièmes générations" d'immigrés d'origine africaine connaissent toujours des difficultés spécifiques d'accès à l'emploi. Trois ans après être sortis de formation initiale, ces jeunes étaient 62% à avoir un emploi en 2020, contre 73% des jeunes dont les parents sont nés en France, constate en effet le Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq) dans une étude publiée début mars.
Ces profils - qui représentent 6,7% de l'ensemble des "primo sortants" - s'insèrent moins bien que les enfants d'immigrés d'Europe du Sud, qui forment 2,5% des jeunes enquêtés et occupent un emploi dans 75,2% des cas. La première génération de jeunes immigrés d'Afrique (1,2% des enquêtés), arrivés en France après avoir passé leur bac à l'étranger, sont 77,2% à avoir eux aussi un emploi. En revanche, les jeunes immigrés d'origine africaine arrivés en France sans diplôme (2,7% des sortants) ont des difficultés comparables à la "deuxième génération" : le taux d'emploi atteint 58,1%.
Cumul de facteurs défavorables
Si les inégalités en matière de niveau se sont en partie résorbées - 17% des jeunes de deuxième génération d'Afrique sont diplômés de niveau bac + 5 contre 19% pour le "groupe de référence" -, la deuxième génération d'immigrés venant du continent africain est davantage confrontée à l'échec dans leur parcours de formation : 47% décrochent de leurs études ou n'obtiennent pas leur diplôme, contre 36% des jeunes dont les parents sont nés en France. 16% d'entre eux interrompent leurs études faute d'avoir trouvé un employeur dans le cadre d'une alternance, contre 9% pour les seconds.
29% d'entre eux estiment être victimes de discriminations, contre 38% des mêmes générations sorties du système éducatif en 2004. À raison ? Pour le Céreq, divers facteurs se conjuguent pour expliquer l'écart des taux d'emploi, tels que la situation socioprofessionnelle des parents, le lieu de résidence, mais aussi le niveau de diplôme atteint et la formation suivie. L'enquête établit notamment que les pères des immigrés de deuxième génération d'origine africaine sont plus fréquemment absents ou décédés tandis que les mères sont plus souvent au foyer sans avoir jamais travaillé.
Une part de l'écart inexpliquée
En tenant compte des caractéristiques individuelles des jeunes originaires d'Afrique jouant favorablement sur l'insertion professionnelle, comme le niveau de diplôme ou l'origine sociale des parents, les simulations du Céreq établissent que leur taux d'emploi aurait dû être plus élevé qu'observé. Ces écarts de quelques points, dont l'origine n'est pas expliquée, "vont dans le sens de difficultés spécifiques pour les immigrés et enfants d'immigrés d'Afrique, dont l'existence de discriminations à leur égard peut être l'une des causes", conclut le Céreq.
Dans une étude publiée le 9 mars, l'Observatoire national des discriminations et de l'égalité dans le supérieur (Onpes) établit aussi la persistance de discriminations à l'entrée en master selon l'origine. Sa campagne de testing menée auprès de 2.100 masters établit que les candidats dont le nom et le prénom suggèrent une origine d'Afrique du Nord ont 11,2% de réponses positives à leur demande d'information en amont d'une candidature. "Les filières qui discriminent les candidats et candidates originaires d'Afrique du Nord sont à la fois les plus sélectives et les plus attractives", soulignent les auteurs de l'étude. C'est le cas dans les masters juridiques, de gestion ainsi que dans les cursus relatifs aux sciences, aux technologies et la santé. |