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Agriculture - Traité transatlantique : les régions viticoles craignent un rapport de force favorable aux Etats-Unis

L'accord signé par les régions européennes viticoles et les Etats-Unis en 2006 pour réglementer le commerce du vin assure une protection jugée insuffisante. Pour les viticulteurs européens, les pourparlers de l'accord transatlantique sont donc l'occasion de remettre le sujet sur la table.

Indication géographique protégée ou spécialité traditionnelle garantie, de multiples mesures de protection existent à l'échelle européenne pour valoriser les savoir-faire et les produits agricoles européens. Mais les négociations qui se font dans le cadre du traité commercial avec les Etats-Unis restent évasives sur les mentions traditionnelles, la viticulture bio et les pratiques oenologiques. Les régions viticoles européennes s'inquiètent. "Le contenu de l'accord transatlantique risque de ressembler à l'accord de 2006", déplore le secrétaire général adjoint de l'Assemblée des régions européennes viticoles (Arev), Dominique Janin.
L'organisation, qui peaufine actuellement sa résolution en vue de l'envoyer aux institutions européennes avant l'été, compte adresser une "piqûre de rappel" avant que les premiers résultats des négociations ne soient publiés à l'automne. Si l'intergroupe agriculture du Parlement européen doit s'atteler au sujet, les viticulteurs européens craignent que les OGM et les enjeux sanitaires aient la part belle dans la négociation, reléguant la viticulture au second plan. "Les Américains diront que nous avons déjà signé un bon accord en 2006 et qu'il faut se concentrer sur les autres enjeux agricoles", se résigne Dominique Janin.
Bruxelles souhaite que les mentions traditionnelles (Château, Ambré, Grand Cru…) soient harmonisées dans les différents Etats mais rien n'est dit sur le renforcement de leur protection au niveau international. L'Arev craint que les critères de production américains, moins exigeants en termes de qualité, ne gagnent du terrain. Les Canadiens font du vin de glace… en mettant les raisins au réfrigérateur. "On peut toiletter nos mentions, mais pas les brader !", peste Dominique Janin. "Ce n'est pas seulement l'image du vin qui est touchée, mais c'est la pratique d'élaboration même qui change fondamentalement", poursuit-il. Les régions viticoles espèrent que l'accord transatlantique alignera les pratiques oenologiques américaines sur les exigences européennes. "Aux Etats-Unis, un vin qui ne contient que 80% de Chardonnay peut porter le nom de ce cépage. L'Europe ne doit pas s'aligner sur ce genre de pratiques", conclut-il.