L'observatoire de l'habitat de Villes de France actualise ses territoires de vigilance
Villes de France présentera le 13 juin, au premier jour de son congrès 2019 à Albi, les grands enseignements de son observatoire de l’habitat, avec le soutien de ses partenaires, la Banque des Territoires, l’Union sociale pour l’habitat et Enedis. Un outil utile pour guider les politiques locales de l'habitat des 222 communes "Cœur de ville" et des 700 autres, petites et moyennes.
Denain, Roubaix, Abbeville… la moitié des dix premières villes françaises "les plus en fragilité" sont situées dans les Hauts-de-France, selon l'observatoire de l'habitat de Villes de France, réalisé en partenariat avec la Banque des Territoires, l'Union sociale pour l'habitat (USH) et Enedis (ex-ERDF). Les grands enseignements de cet outil national seront présentés à l’occasion du congrès de Villes de France, qui se tiendra à Albi les 13 et 14 juin 2019.
L'observatoire de l'habitat de Villes de France recense des données de 916 communes, soit toutes les communes de 10.000 habitants et plus de la France métropolitaine, réparties sur 363 EPCI. Les 16 villes-centres des métropoles ont été exclues de l’analyse (mais leur situation est donnée à titre de comparaison) ce qui fait que les 900 villes étudiées de près représentent 38% de la population (24,5 millions d’habitants) et 39% des résidences principales de France métropolitaine.
Des indices de vigilance attribués à chaque commune
Pour chaque commune est calculé un indice de vigilance de l'offre de logements (1), un indice de fragilité sociale (2) et un indice de vigilance globale. Plus l'indice est élevé, plus la vigilance doit être importante, sachant que l'indice 100 représente le niveau national. Comme les partenaires le soulignaient lors de la première synthèse de l'observatoire en 2016 (voir notre article ci-dessous du 13 mai 2016), l'idée n'est pas tant de distribuer des mauvais points mais d'alerter sur les situations locales en termes d'offre de logement et de fragilité sociale, pour orienter les politiques locales de l'habitat en toute connaissance.
Les dix premières villes les plus en fragilités
En 2019, parmi les dix premières villes les plus "en fragilité", cinq sont situés dans les Hauts-de-France : Denain (indice globale : 178, c'est l'indice le plus élevé et c'est deux points de plus par rapport à 2016), Roubaix (170, comme en 2016), Abbeville (153, +1 par rapport à 2016), la commune de Bray-sur-Escaut de 12.000 habitants (152), et celle de Caudry (151) peuplée de 15.000 habitants.
Deux sont en Occitanie : Béziers (161, +2 par rapport à 2016) et Alès (155, +1). Deux sont en Centre-Val de Loire : la commune de Saint-Amand-Montrond (159) avec ses 10.000 habitants et Issoudun (151) peuplée de 12.000 habitants.
Et une se situe en Bourgogne-Franche-Comté : Saint-Claude (156). À noter que Montceau-les-Mines faisait en 2016 partie des villes avec un indice vigilance de 150 et plus, qu'elle a aujourd'hui perdu un point et sort du peloton de tête.
Les indices de vigilance en Île-de-France, région tendue du point de vue du marché du logement, ne sont pas parmi les plus préoccupants. La commune la plus "en fragilité" est Villeneuve-Saint-Georges, avec un indice de vigilance globale à 138. Il est par exemple de 115 à Clichy-sous-Bois, parce que l'indice de vigilance de l'offre de logement est très bon (63), masquant une fragilité sociale parmi les plus élevée (158 d'indice de fragilité sociale). Idem à Grigny : 116 en vigilance globales, mais 148 d'indice de fragilité sociale et 78 d'indice de vigilance habitat. Ou encore à Stains : 107-145-62.
60% de la demande de logements sociaux de France
La synthèse 2019 met en valeur des caractéristiques de l’habitat des villes de 10.000 à 100.000 habitants. Et d'abord, "les communes du réseau Villes de France sont les mieux dotées en offre locative sociale avec un parc qui représente un peu moins d’un quart des résidences principales", note l'association d'élus. Manifestement, cela ne suffit pas, puisque la demande en logement social est plus forte qu'ailleurs. Alors qu’elles représentent 38% de la population, les communes "Villes de France" enregistrent en effet près de 60% de la demande locative sociale en France métropolitaine. Parmi ces demandeurs, près de 40% sont en demande de mutation (34% au niveau national). Si la précarité liée à l’emploi (chômage et emploi précaire) est au même niveau qu'à l’échelle nationale, le niveau de ressources des demandeurs de logements sociaux est plus faible. D'une manière générale, les ménages ont un niveau de ressources plus faible dans ces villes qu’à l’échelle nationale.
Les loyers privés sont moins élevés qu’à l’échelle nationale et dans les métropoles, mais un peu plus élevés que dans leurs intercommunalités d’appartenance.
Moins de propriétaires, mais plus de jeunes
Les villes analysées comptent une part de propriétaires très inférieure à celle de la France et à leur intercommunalité. La croissance démographique est légèrement inférieure à la moyenne nationale, du fait du "déficit migratoire illustrant le phénomène de périurbanisation qui touche la France depuis plusieurs années", explique l'association Villes de France.
Le vieillissement de la population est moins prononcé dans les villes analysées qu’au niveau national et au niveau intercommunal, ce qui fait dire à Villes de France que ses communes "ont besoin d’adapter les logements aux besoins des jeunes ménages".
(1) L'indice de vigilance de l'offre de logements est construit à partir de cinq indicateurs : taux de vacance, nombre de logements mis en chantier rapporté au taux de vacance, parc construit avant 1949, logements en section cadastrale 7 et 8, pression de la demande en logement social.
(2) L'indice de fragilité sociale est construit à partir de six indicateurs : part des jeunes, des familles monoparentales, des actifs en emploi, des bénéficiaires des minima sociaux, des foyers fiscaux imposés, des revenus inférieurs à 30% des plafonds HLM.