Le musée des Pêcheries au cœur de la reconversion touristique de Fécamp (76)
Ouvert en décembre 2017 dans une ancienne sécherie proche du cœur de ville, le musée des Pêcheries de Fécamp (19.303 habitants, en Seine-Maritime) s’appuie sur le passé des terre-neuvas pour contribuer à la reconversion touristique de la ville.
"Plutôt que construire un nouveau bâtiment, nous avons choisi de réhabiliter une ancienne sécherie des années cinquante pour y rassembler des collections autrefois éparpillées dans plusieurs sites de Fécamp", explique le premier adjoint chargé de la culture de Fécamp, Pierre Aubry. La sécherie est en effet emblématique de l’activité très ancienne des terre-neuvas (voir encadré), qui s’est arrêtée dans les années soixante-dix. Elle crée une transition entre cette époque et l’actuelle reconversion touristique de la ville, d’autant qu’elle très bien située, sur l’îlot central du grand quai, près du cœur de la ville. "Si durant les travaux, certains habitants s’interrogeaient sur la pertinence de ce choix, dès son ouverture en décembre 2017 tous se sont immédiatement approprié ce lieu et nous avons rapidement dépassé la fréquentation estimée." Conservatrice en chef du musée, Marie-Hélène Desjardins précise qu’entre 80.000 à 90.000 visiteurs - touristes, habitants, groupes scolaires... -, s’y rendent chaque année.
Projet d’envergure
Réhabiliter ce vaste bâtiment a été un vrai défi... "Au lieu de créer de toutes pièces un lieu qui réponde à un programme, il a fallu au contraire adapter le projet et les scénographies au site", précise l’édile. Des études avaient été effectuées préalablement pour savoir quoi faire de ce bâtiment, d’abord racheté par l’établissement public foncier de Normandie, puis par la ville. Mais c’est en 2001-2002 que les réflexions sur sa réhabilitation en musée ont véritablement débuté avec la volonté de rassembler dans un même lieu l’ensemble des collections maritimes et historiques du patrimoine fécampois, auparavant abritées dans deux sites dépourvus de confort. Un projet scientifique et culturel est élaboré et approuvé, suivi par des études techniques, budgétaires et de programmation. La première pierre est posée en 2008 et les collections issues des musées sont installées en 2017.
Le musée culmine jusqu’à 27 mètres
Le musée des Pêcheries compte sept étages et une surface de 4.700 m2 : un belvédère de deux niveaux culmine à 27 mètres de hauteur sur le bâtiment historique. Les collections se répartissent en cinq séquences : une galerie historique, Fécamp port de pêche, espace des Beaux-Arts, musée de l’Enfance et Vie cauchoise. Un cabinet de curiosités réunit des objets rares, anciens, exotiques ou insolites donnés par des collectionneurs fécampois, ainsi que des vestiges de l’ancienne sécherie (fours, vestiaires, bureau de l’armateur...) qui évoquent la fonction industrielle du site, ainsi que la réalité sociologique de ces pêcheurs qui parfois, ne revenaient pas des mers lointaines. Le lieu dispose aussi d’une librairie-boutique, d’une salle d’exposition temporaire, d’un centre de documentation et d’un auditorium.
Tourisme de patrimoine
16,3 millions d’euros ont été nécessaires pour mener à bien ce projet, financé par la ville (55,2 %), la région Normandie (22,3 %), l’État (Drac, 11,7 %), le département de la Seine-Maritime (8,6 %) et le Feder (2,3 %). Labellisé Musée de France par le ministère de la Culture, il bénéficie de crédits pour l’acquisition et la restauration d’œuvres ainsi que pour la programmation d’expositions temporaires. On y trouve en outre, en dépôt, des collections du musée d’Orsay et du Fonds national d’art contemporain. Une équipe de 20 personnes anime le musée, en lien avec les offices de tourisme, des opérateurs d’Eductour et les établissements scolaires et adaptés. Elle bénéficie également du soutien des Amis du Musée. "La génération qui a vécu la fin des terre-neuvas a été profondément affectée et s’est détournée de la mer. Les générations actuelles redécouvrent toute la richesse de ce patrimoine devenu aujourd’hui ressource touristique. En juillet 2020, le musée sera d’ailleurs mobilisé pour l’accueil de la première grande escale de voiliers et de gréements traditionnels de Fécamp", se félicite le premier adjoint.
Les terre-neuvas
C’est vers 1390, que des baleiniers basques à la recherche de cétacés découvrent de grands bancs de morues au large d’une côte inconnue qu’ils nomment "La Terre Neuve". C’est le début de l’aventure des terre-neuvas qui partent de longs mois pêcher la morue dans les mers froides. Cette pêche pratiquée par les ports normands et bretons, qui a connu son apogée aux XVIIe et XIXe siècles, est néanmoins dangereuse : brumes et tempêtes ont été fatales à une centaine de bateaux et plusieurs milliers d’hommes. Elle se pratique jusque dans les années 1970, lorsque le Canada interdit l'accès à ces zones de pêches. La sécherie est désaffectée en 1982. Fécamp a conservé une activité de pêche fraîche et a développé la plaisance.
Coordonnées du musée
Musée des Pêcheries, 3 quai Capitaine Jean Recher, 76400 Fécamp. Tél. : 02 35 28 31 99
Commune de Fécamp
Nombre d'habitants :
Marie-Hélène Desjardins
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