Le confinement a démontré la pertinence des cités éducatives

Opérationnelles depuis la rentrée 2019, les cités éducatives installées dans 80 quartiers prioritaires ont beaucoup œuvré durant le confinement. Une enquête met en lumière leur rôle dans la continuité pédagogique et, plus généralement, l'accompagnement des familles en difficulté.

"Le modèle de fonctionnement des cités éducatives a montré sa pertinence en situation de crise." Alors que Julien Denormandie, ministre de la Ville et du Logement, se déplaçait ce 5 juin dans le Val-d’Oise pour y visiter cités éducatives et associations de proximité, le comité national d’orientation et d’évaluation des cités éducatives (CNOE) tire un bilan positif de l'action du dispositif dans le cadre du confinement dû au Covid-19.
L'avis du CNOE s'appuie sur les résultats d'une enquête menée auprès des 80 cités éducatives dont les résultats ont été rendus publics fin mai. Il ressort de cette enquête que "le cadre collaboratif de la cité éducative a été précieux pour prendre la mesure de l’urgence et coordonner la réaction". L'"esprit" des cités éducatives est notamment mis en avant : "Dans les cités éducatives, le rapprochement des acteurs a pu être plus rapide, plus efficace, du fait d’habitudes d’échanges et de travail liées à la construction de la cité éducative, du fait de la gouvernance installée pour piloter la cité, mais aussi du fait de pratiques ou d’organisations collectives antérieures à la construction de la cité." 

Équipements numériques, alimentation et santé

Parmi les exemples marquants, l'enquête cite Grigny, où le comité de pilotage de la cité éducative "s’est transformé en cellule de crise 'éducation', avec visioconférence et échanges d’informations deux fois par semaine". À Toulouse, le dispositif "a permis d’apporter rapidement un soutien dès le début du confinement et des réponses opérationnelles". Il est toutefois à noter qu'"une petite minorité regrette de ne pouvoir encore s’appuyer sur le cadre collaboratif de la cité éducative, dont l’organisation n’est pas encore posée".
Dans le détail, les actions des cités éducatives ont porté sur plusieurs axes. Les acteurs du PRE (programme de réussite éducative) ont souvent été impliqués pour le repérage des familles en risque de rupture scolaire. Alors que l’enjeu du sous-équipement numérique de nombreuses familles pour assurer la continuité pédagogique est très vite apparu, des initiatives locales ont vu le jour. Quelques cités se sont en outre interrogées sur la bonne utilisation des matériels mis à disposition et ont diffusé des tutoriels pour guider les familles.
Par ailleurs, un tiers des cités éducatives ont fait mention de l’organisation de livraison de courses alimentaires et de médicaments en faveur des familles les plus en difficulté. Tandis qu'à Perpignan, Évry ou de nombreuses autres communes, une aide psychologique était proposée.

Souplesse de financement

Pour mener à bien certaines actions, plusieurs territoires ont eu recours à un outil financier original : le fonds de la cité éducative, doté annuellement de 30.000 euros et géré "avec une grande souplesse" par le principal du collège chef de file de la cité éducative. Un quart des répondants confirment avoir déjà mobilisé ce fonds dans le cadre de l’épidémie ou l’envisagent tout prochainement.
En outre, sans attendre la signature des conventions entre l’État et les mairies, le ministre de la Ville et du Logement a débloqué par anticipation dès le mois d’avril 15% de l’enveloppe notifiée à chaque cité éducative, soit plus de 4 millions d'euros, pour financer des actions d'urgence dans le cadre de la continuité éducative.

"Épreuve du feu"

"Il apparaît clairement, selon l'étude, que l’organisation compacte des cités éducatives, alors même qu’elle n’était pas encore stabilisée, a la plupart du temps facilité la réaction rapide et collective à ce défi sans équivalent de la continuité pédagogique et éducative. La gestion de crise a d’ailleurs souvent constitué un ferment d’unité, en constituant l’épreuve du feu de l''équipe cité éducative'."
Au final, l’avis du CNOE conclut que la cité éducative "n’est pas 'un dispositif de plus', mais un facilitateur de mobilisation collective. Il reste à le conforter, en prolongeant, par temps calme, les habitudes collaboratives, la considération des acteurs, et leur mobilisation".
Instituées par une circulaire du 13 février 2019 et labellisées en septembre dernier, les cités éducatives visent à intensifier les prises en charge éducatives des jeunes de 0 à 25 ans en s'appuyant sur l'alliance de tous les acteurs éducatifs travaillant dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (Éducation nationale, commune et intercommunalité, préfecture, caisse d’allocations familiales, associations, etc.).