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Industrie des transports : un contrat pour redorer le blason du ferroviaire 

Le contrat stratégique de la filière ferroviaire signé le 9 avril par Bercy et le ministère des Transports entend insuffler une dynamique pour que cette industrie, qui a "des atouts à faire valoir" mais souffre d'une faible attractivité et de difficultés à s'exporter, pèse et parle d'une même voix. Réaction de Régions de France, partie prenante de plusieurs actions du plan.

Le dernier contrat de filière ferroviaire signé entre l’État et les industriels remonte à janvier... 2013. L'ancien sénateur des Alpes-Maritimes Louis Nègre, qui en fut l'une des chevilles ouvrières, a aussi signé le 9 avril ce nouveau contrat avec Élisabeth Borne et la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher. "C'est une étape importante pour les acteurs du ferroviaire. À travers ce contrat, la filière s’engage sur treize actions prioritaires autour de cinq axes", éclaire-t-il en tant que président de la Fédération des industries ferroviaires (FIF) et vice-président du comité stratégique de la filière (CS2F).

Cinq axes

Ces cinq domaines sont la modernisation du réseau, la recherche et l'innovation, le numérique, la mise à niveau et la capacité d’internationalisation du fort tissu de TPE/PME qui la caractérise et l'élaboration d’un plan d’action sur les emplois et les compétences. Pour le CS2F, "le transport ferroviaire, par la capacité qu’il offre, constitue l’ossature de tout réseau de transport urbain ; à condition de continuer à améliorer sa compétitivité et sa fiabilité il a donc vocation à devenir plus que jamais une composante essentielle de l’offre de transport". Les faiblesses de la filière sont connues et le diagnostic établi en 2012-2013 - manque d’entreprise de taille intermédiaire et de grosses PME, faible attractivité professionnelle, éclatement entre donneurs d’ordre et fournisseurs de petite taille "sur un marché qui n’a pas les mêmes ordres de grandeur que d’autres secteurs en termes de volumes" - vaut toujours. Parmi les pistes d’amélioration évoquées à l'époque, toutes n'ont pu être mises en œuvre. Pour Michel Neugnot, président de la commission transports de Régions de France, "ce nouveau contrat va donc plus loin et propose des actions concrètes pour structurer le secteur et lui redonner des perspectives". 

Étendre le programme Care

Dans la première région ferroviaire de l'Hexagone, les Hauts-de-France (15.000 salariés, 200 entreprises dont des constructeurs, équipementiers et pôles de recherche et compétitivité), le programme Care (compétitivité accompagnement rail emploi) a été lancé cette année par les services de l'État, la région, Alstom et Bombardier pour consolider des PME et accompagner leur développement à l'international. Une poignée d'entreprises sont concernées. Un groupe de travail incluant les régions planche pour voir comment ce projet peut être étendu à d'autres territoires. Côté numérique, passé la phase du démonstrateur, une plateforme connectée doit permettre d'atteindre dès 2020 "des gains d’efficacité importants dans le traitement des commandes une fiabilité accrue et une meilleure visibilité des commandes pour optimiser les plans de charge".

Accroître l'attractivité

Mieux anticiper les retombées sur ces plans de charge des sites est important dans les territoires où cette industrie crée des emplois. "Sauf que, ne nous voilons pas la face, le secteur attire peu actuellement. Accroître son attractivité est un enjeu qui nous préoccupe, au carrefour de nos compétences en matière de formation et de développement économique. Pour commencer, chaque région doit prendre conscience du poids du ferroviaire sur son territoire", conseille Michel Neugnot. "Et rendons nos métiers toujours plus attractifs", ajoute le PDG d'Alstom Henri Poupart-Lafarge, qui préside le CS2F. Côté innovation, ce contrat de filière grave dans le marbre l'objectif de créer d’ici 2024 une première flotte de trains à hydrogène, ainsi que le potentiel du secteur à devenir "un débouché significatif à cette filière hydrogène". Trains à batteries dont l'intérêt serait de pouvoir circuler sur les lignes non électrifiées représentant la moitié du réseau national, trains de fret ou TER autonomes dont un prototype est attendu à l'horizon 2023, d'autres engins innovants sont cités. "Après l'échec du projet d'acquisition d'Alstom par Siemens, il nous faut en tout cas rebondir. Et ce contrat de filière devrait y contribuer", espère Michel Neugnot.

 

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