La ville d'Agde recycle des eaux usées et traque les gaspillages sur le réseau d'eau potable

Durant l’été 2009, la ville d'Agde (Hérault) a expérimenté le recyclage des eaux usées pour arroser une partie des espaces verts de la station d’épuration de la commune. D'autres mesures ont également permis de réduire la consommation d'eau potable, comme la détection des fuites et la mise en place de la télérelève des compteurs d’eau : 150.000 m3 économisés en 2009 sur 5 millions de m3 consommés par an.

"L’une des priorités du projet communal de développement durable initié en 2008 est la gestion rationnelle de l’eau potable, explique Richard Druille, adjoint au maire chargé de la vie quotidienne et de l'environnement à la ville d'Agde. D’où plusieurs pistes envisagées, comme la diversification des ressources en eau sur le territoire, l'extension du réseau d'eau sur la commune ou encore, le recyclage des eaux acheminées vers la station d'épuration. A ce jour, l’ensemble des projets sont à l’étude."
Sur le conseil du prestataire chargé de l'assainissement, la ville d'Agde a donc expérimenté au cours de l’été 2009 une plateforme innovante de recyclage des eaux usées, destinées à arroser les espaces verts ou encore, les terrains de sport.

Une plateforme innovante produisant 30 m3 d'eau recyclée par jour

Durant l'été 2009, la transformation des eaux usées en eau d’arrosage a fait l’objet d’une série d’essais. La réutilisation des eaux dépolluées requiert un dispositif de traitement particulier. D'où l'installation d'une plateforme spécifique de recyclage en aval de la station d'épuration de la ville. Grâce à une succession de membranes, la plate-forme filtre les eaux usées afin d’en éliminer des particules et des bactéries indésirables. Cette eau est ensuite désinfectée au chlore et stockée. "La plateforme a une capacité de production moyenne de 30 m3 par jour, précise Olivier Archimbeau, responsable du service eau-assainissement de la ville d'Agde. Le suivi scientifique d’une pelouse ainsi arrosée a montré que l'eau recyclée via la plate-forme était de bonne qualité et faiblement chlorée. Ces résultats sont encourageants et plaident en faveur d’un assouplissement de la réglementation en vigueur. Techniquement, l'utilisation des eaux usées recyclées est possible." Alors que les tests de qualité de l’eau ainsi produite s'avèrent satisfaisants, les normes actuelles interdisent l'emploi de ce type d'eau pour arroser des sols situés à moins de 100 mètres d’une habitation ou d’une voie de circulation. "Le dispositif offre des perspectives d'économie d'eau intéressantes, mais la réglementation en vigueur n'autorise pas encore l'utilisation généralisée de telles techniques, notamment pour des raisons sanitaires", remarque Richard Druille.

Des économies d’eau potentielles, freinées par la réglementation

Un tel constat freine actuellement toute prise de décision ; toutefois, des évolutions sont envisageables. Un projet d'arrêté serait sur le point de créer une classe d'eau réglementaire qui ne comprendrait pas ces limites d'usage. L'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset) doit rendre un avis sur le sujet, à la demande des ministères en charge de l'environnement et de l'agriculture.
D'autres collectivités françaises ont participé à des expérimentations similaires qui, à l'étranger (Italie et Espagne) sont opérationnelles depuis plusieurs années. Cependant, le niveau de précaution reste élevé en France, à travers la réglementation.

L’eau potable consommée à Agde diminue depuis quatre ans

Selon Richard Druille, "L'évolution de la réglementation serait une véritable aubaine, car l'arrosage coûte cher ! Il représente 800.000 m3 annuels dont près de 300.000 m3 d'eau pour le golf du Cap d’Agde. Agde est une ville touristique dont la population passe de 25.000 résidents à 250.000 personnes pendant la saison d'été. La consommation annuelle s'élève à 5 millions de m3 et même si elle baisse de 1% par an depuis 4 ans, il faut encore faire des efforts".
Avant de s'investir davantage dans cette voie, la ville d'Agde attend une avancée réelle du cadre réglementaire, d’autant qu’un tel dispositif de recyclage coûte cher. L’expérimentation a été intégralement financée par l'entreprise prestataire.

Une autre mesure anti-gaspillage : la télésurveillance des compteurs

Depuis 2005, la ville d'Agde a mis en place plusieurs mesures pour superviser la consommation d'eau potable. "Nous avons installé des systèmes de télésurveillance sur les principaux compteurs d'eau pour évaluer le niveau de consommation des résidences et des espaces verts. Une alarme se déclenche en cas de fuite et nous intervenons très rapidement. Ainsi, nous avons économisé plus de 150.000 m3 sur l'année 2009", relève Olivier Archimbeau. La municipalité a en outre mesuré les quantités d'eau consommée secteur par secteur et comparé les quartiers à cette aune.
Les pratiques professionnelles aussi deviennent plus économes de la ressource. Par exemple, l'arrosage est réduit, lorsqu'il a plu ou quand le niveau d'humidité dans l'air justifie un apport d'eau moins important. "La ville intervient également pour améliorer le réseau d'eau potable en effectuant des travaux de re-calibrage et d'extension. Ces ouvrages et l'achat de nouveaux équipements de contrôle sont onéreux et doivent se faire de manière cohérente", souligne Richard Druille. Pour l'ensemble de ces dispositifs, la ville bénéficie du soutien financier de l'Agence de l'eau, du département et de la région.

Laura Henimann / PCA, pour la rubrique Expériences du site Mairie-conseils
 

Mairie d'Agde

Rue d'Alsace Lorraine
34300 Agde

Richard Druille

Adjoint au maire chargé de la vie quotidienne et de l'environnement

Olivier Archimbeau

Responsable du service eau-assainissement

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