Contre le moustique-tigre, Sarlat mobilise ses habitants (24)

Si le moustique-tigre a été repéré en Dordogne dès 2005, la ville de Sarlat n'a connu de vraies nuisances qu'à compter de 2022-2023. Pour lutter contre la présence de cet invasif, potentiel porteur de maladies, la mairie a associé ses habitants via son budget participatif. Elle s'équipe aussi d'une application qui va lui permettre de suivre la progression du nuisible dans les différents secteurs géographiques de la commune, afin d'ajuster au mieux sa politique publique.

En 2023, après de fortes pluies, Sarlat s'est retrouvée envahie de moustiques-tigres. « Les habitants posaient de plus en plus de questions en mairie, nous appelaient pour savoir comment agir », indique Christophe Duru, responsable du service espaces verts. « On leur a suggéré d'agir à partir du budget participatif de la ville, qui finance différents projets citoyens soumis au vote des Sarladais, ajoute Guy Stievenard, adjoint à la citoyenneté. Et on a été surpris par l'intérêt de tous pour ce projet moustique-tigre : il est arrivé largement en tête des votes ! »

Des premières sensibilisations dès 2019

En 2019, le responsable espaces verts s'est formé à la reconnaissance et à la lutte contre le moustique-tigre, espèce qui pond sur des surfaces artificielles comme les coupelles d'eau. « Dans la foulée, je suis intervenu dans les écoles maternelles et élémentaires de la ville pour sensibiliser les plus jeunes et indirectement leurs parents. » L'arrivée du Covid a interrompu la démarche. En 2022, la mairie a communiqué via son site internet et l'employé municipal s'est déplacé au domicile des particuliers qui sollicitaient des conseils pour limiter la présence du nuisible. Avant que les habitants ne s'y intéressent plus largement… Dès 2022, un premier projet de nichoirs à oiseaux et chauves-souris est proposé au budget participatif. 160 nichoirs sont installés en 2023 chez des particuliers volontaires : « Ils contribuent en partie à réguler la présence de moustiques même si ça n'est pas leur objectif de départ, souligne l'employé municipal. Mais on s'attaque plutôt là au moustique commun qui sort à la tombée de la nuit, pas spécialement au moustique-tigre. »

370 pièges distribués via le budget participatif

En 2023, pour la nouvelle édition du budget participatif, un habitant dépose un projet dédié au moustique-tigre : il propose d'acquérir des pièges à moustique, qui seraient installés gratuitement chez les particuliers volontaires. La proposition arrive en tête des votes citoyens : la mairie lance alors l'appel à inscription des familles volontaires. « On pensait qu'une grosse centaine de personnes allait candidater, en lien avec le nombre de votants au budget participatif, note le responsable espaces verts. On a été débordés par la demande, on a dû finalement fermer la plateforme car le montant aurait dépassé le budget alloué au projet. » Au final, 370 pièges ont été distribués au printemps 2024 et installés dans les jardins des particuliers mais aussi dans les écoles, à l'Ehpad, à la cuisine centrale. La réunion publique d'information en février 2024 a aussi fait le plein : « Avant de tuer un animal, il faut savoir le reconnaître et bien connaître ses habitudes ».

Changement de pratique aussi au cimetière

Pour assurer le dispositif le plus simple en entretien, la mairie a choisi un piège plastique à eau et bande collante, d'un coût unitaire de 40 euros. « Nous allons voir comment les habitants l'entretiennent ». En parallèle, elle a étoffé le projet en ajoutant un volet cimetières : « Les coupelles pleines d'eau étaient un vrai fléau car elles sont propices à la ponte du moustique-tigre », souligne le responsable espaces verts. Désormais, les deux cimetières sont équipés de bacs de sable qui permettent aux usagers de remplir les coupelles : l'eau est stockée par le sable et continue d’alimenter la plante, mais la ponte du nuisible est empêchée.

Une application pour le suivi et l'alerte

Dernier volet de ce projet mené avec les citoyens : le suivi de la situation via une application proposée par une start-up grenobloise. Chaque foyer équipé d'un piège va ainsi renseigner la situation dans son jardin quant à la présence du moustique-tigre. Si l'application est gratuite pour les foyers, la mairie va payer de son côté un abonnement pour récupérer les informations géolocalisées. « Seul en charge du sujet, je ne peux plus me déplacer au domicile de chacun, explique l'employé municipal. Je vais ainsi disposer d'un outil de suivi de l'information et d'alerte, qui nous permettra de mieux ajuster notre politique publique de lutte », se réjouit l'employé municipal. À l'avenir, la mairie envisage également d'acquérir de nouveaux pièges sur le budget municipal : ils pourraient être prêtés aux particuliers volontaires durant la période de ponte du moustique, puis récupérés en fin de saison. « On constate déjà de premiers changements de comportement chez les habitants, facilités par l'information dans les médias, apprécie l'adjoint à la citoyenneté. La lutte contre le moustique-tigre, c'est collectif, on ne peut avancer qu'ensemble ! »

Le frelon asiatique aussi !

Le frelon asiatique aussi !

Une action de lutte contre le frelon asiatique a également été menée, selon le même mode opératoire que le moustique-tigre. 250 pièges à frelons ont été installés au printemps 2024 chez les particuliers volontaires. Ils permettront d'éviter la formation de nids dans les espaces privés. Pour mémoire, la destruction de ces nids reste à la charge du propriétaire.

Budget de l’opération

  • 18 000 euros : coût total de la démarche de lutte contre le moustique-tigre, inscrite au budget participatif 2023
  • 370 pièges à moustique, à 40 euros pièce, distribués aux ménages volontaires et dans les équipements publics majeurs (écoles, Ehpad, cuisine centrale, centre de loisirs...)
  • 3 200 euros : le coût pour la mairie pour suivre les informations remontées de l'application moustique

Commune de Sarlat-La-Canéda

Nombre d'habitants :

8812
place de la Liberté
24 200 Sarlat

Guy Stievenard

Adjoint au maire, en charge de la citoyenneté

Christophe Duru

Responsable espaces verts

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