Douaisis agglo s'engage pour améliorer la qualité de l'air (59)

Le Nord et le Pas-de-Calais sont depuis plusieurs années confrontés à des niveaux parfois élevés de particules dans l’air. En 2011, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a pointé du doigt la ville de Douai comme étant particulièrement touchée par les particules fines (PM2,5). Depuis, l’agglomération multiplie études et actions.

Douai, ville de 42.000 habitants au sud de Lille, n'est pas la ville la plus polluée de France. Le palmarès établi par l'OMS en 2011, qui plaçait la ville en tête du classement, a fait couler beaucoup d'encre mais "il n'a pas grande signification", met en garde la responsable de la communication de l’observatoire de la qualité de l’air Atmo Hauts-de-France, Céline Derosiaux.

Privilégier le temps long

La concentration de polluants dans l'air est directement liée à leur production par les différentes activités humaines et aux conditions météorologiques. Le déplacement des masses d'air, le degré d'humidité, les températures... sont autant d'éléments qu'il faut prendre en compte pour comprendre les épisodes de pollution. Si l'on s'en tient à une simple photographie à un instant T, le résultat peut être réducteur, voire faussé. "Ce qui nous intéresse, explique la responsable Atmo Hauts-de-France, c'est d'analyser les phénomènes de pollution et de suivre leur évolution sur un temps long. C’est ce que nous faisons dans les Hauts-de-France et qui nous permet d'affirmer que notre région, s’illustre par des phénomènes de pollution réguliers et ponctuels mais sur dix ans, entre 2008 et 2018, la qualité de l'air a tendance à s'améliorer. On constate une baisse de 30 % des particules PM10 et de 28 % des PM2,5" (lire encadré ci-dessous).

Travail de fond pour limiter les émissions de particules

Grâce aux modèles de prévisions de la qualité de l’air, l'Atmo peut prévoir les épisodes de pollution de l'air et les préfectures peuvent ensuite prendre les mesures de précaution qui s'imposent. Les plus médiatisées sont celles qui touchent aux restrictions de circulation, elles peuvent également concerner l'agriculture ou l'industrie. Ces actions sont indispensables mais elles seraient vaines sans un travail de fond sur les rejets de polluants. C'est là qu'intervient Douaisis agglomération. L'article paru dans la presse locale en 2014 qui faisait référence au classement réalisé par l'OMS en 2011 a provoqué un électrochoc. Si Douaisis agglomération a depuis 2002 la compétence "qualité de l'air" ce n'est qu'en 2014 que les élus ont entamé une démarche proactive.

Identifier les polluants, favoriser la voiture électrique

Beaucoup de pédagogie a été faite, comme la mise en place d'une application sur le site de l'Atmo qui rend compte de la pollution de l'air, quartier par quartier et de façon prospective. Des études ont été lancées, telles que le projet "Identification des sources d’aérosols dans le Douaisis" (Isard), projet porté par l’École Mines Telecom (IMT) Lille-Douai et sélectionné fin 2015 par l’Ademe dans le cadre de l’appel à projets AACT-Air. Il propose d’observer et de modéliser les concentrations en PM2,5 puis de croiser les données cartographiées de la qualité de l’air avec celles relatives à l’énergie, à l’habitat, aux transports et à la défaveur sociale.

Des sources locales d'émission de particules liées au trafic routier et à la combustion de biomasse ont ainsi été mises en évidence. L'agglomération s'est donc positionnée dans le domaine de l'électro-mobilité, de façon à limiter les émissions liées au transport. En 2019, Douaisis agglo a installé 40 bornes de recharge réparties dans 13 des 35 communes que compte le territoire.

Réduire la pollution liée au logement

Son action touche également le logement : un fonds air /bois et air/charbon est à l’étude, de façon à aider financièrement les propriétaires qui utilisent des poêles à bois ou à charbon de mauvaise qualité à renouveler leur matériel. En parallèle, une étude sur la qualité de l'air à l’intérieur des logements commencera à l’automne prochain dans 40 habitations. Par ailleurs, en 2018, l'agglomération a répondu à l'appel à manifestation d’intérêt sur l'expérimentation du logiciel AirQ+. Organisée par l'Ademe et Santé publique France, l'expérience vise à accompagner 14 collectivités françaises dans la réalisation d’évaluations quantitatives de l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique (Eqis-PA) liée à leur territoire. Douaisis agglomération a été sélectionnée et bénéficie de l’aide d’un bureau d’études pour prendre en main le logiciel AirQ+ développé par l’organisation mondiale de la santé (OMS) et adapté pour la France par Santé publique France. Un appui de Santé publique France à l’interprétation des résultats ainsi obtenus sera fourni à chaque collectivité. En contrepartie, les collectivités fourniront à l’Ademe et Santé publique France leurs retours "utilisateurs" du logiciel AirQ+.

Objectif : zéro carbone

Les élus de Douaisis agglo, notamment son président, Christian Poiret, et le premier vice-président en charge du développement durable, Martial Vandewoestyne, ont acté dans l'Agenda 21 du territoire que Douaisis agglo serait  "zéro carbone" à horizon 2030. "C'est réalisable, confirme le directeur du développement durable de l’agglomération, Chékib Ben Smida. Notre territoire a un énorme potentiel en matière d'énergies renouvelables. Nous avons, par exemple, un potentiel de 180 mégawatts d'énergie éolienne et nous n'en produisons actuellement que la moitié. Les dossiers sont prêts, nous pouvons faire en sorte de réduire drastiquement nos émissions et d'améliorer la qualité de l'air."

C'est d'ailleurs une question de santé publique, à Douai, chaque année, 45 décès sont liés à la pollution de l'air. En entamant sa troisième révolution industrielle, le Douaisis veut y remédier.

La pollution de l'air, un phénomène complexe

Toutes les particules en suspension dans l'air n'ont pas la même dangerosité. Tout dépend de leur taille, les plus petites : les PM10 et PM2,5 (inférieures à10 et 2,5 microns) et les ultra-fines (en dessous de 1 micron) sont les plus dangereuses car elles pénètrent plus facilement et plus profondément dans l'organisme.
Ces particules, extrêmement volatiles, peuvent être produites localement, par le chauffage (notamment le chauffage au bois), les transports, l'industrie ou l'agriculture, mais aussi venir de loin.
Une partie des particules analysées dans les Hauts-de-France viennent de Belgique, d'Allemagne et parfois même... du Sahara. Il importe donc de distinguer la pollution de fond de la pollution conjoncturelle, liée à une augmentation de la production locale et au déplacement des masses d'air.
 

L'action du Cerdd

Depuis 2001, le Centre ressource du développement durable (Cerdd) outille et accompagne les acteurs des Hauts-de-France vers de nouveaux modèles de société. Il les incite à contribuer aux transitions économique, sociale et écologique dans les territoires.
Le Cerdd a mis en place le DDTour, un panel de visites professionnelles clé en main, pour aller à la rencontre sur le terrain, des entreprises, collectivités et associations qui font le développement durable au quotidien. Lire "La CU d’Arras intègre le DDTour pour faire valoir ses bonnes pratiques (62)".

Douaisis agglo

Nombre d'habitants :

158000

Nombre de communes :

35
746, rue Jean-Perrin, parc d'activités de Dorignies- BP 300
59351 Douai Cedex

Martial Vandewoestyne

Vice-président en charge de l'environnement

Chékib Ben Smida

Directeur du développement durable

Céline Derosiaux

Responsable de la communication de l'Atmo Hauts-de-France

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