Décentralisation, attractivité des centres-villes... les petites villes affichent leur "impatience"
À l’occasion de leurs vœux aux élus et à leurs partenaires, les responsables de l’Association des petites villes de France ont appelé le gouvernement à mettre en œuvre rapidement le programme de revitalisation des centres de petites villes. Ils ont par ailleurs manifesté leurs attentes sur le projet de loi de décentralisation. La ministre de la Cohésion des territoires a fait le point sur ces dossiers.
Le président de l’Association des petites villes de France (APVF), Christophe Bouillon, a témoigné le 21 janvier, de "l’impatience" de ses collègues, élus de petites villes, sur les chantiers votés (réforme de la fiscalité locale) ou annoncés (projet de loi "3 D", programme "Petites Villes de demain") et a réclamé au gouvernement des "preuves d’amour" à l’égard des élus locaux.
À l’occasion de la cérémonie des vœux de l’association, organisée ce mardi à Paris, non loin des Champs-Élysées, le député socialiste et maire honoraire de Canteleu (Seine-Maritime) a souhaité que la mise en œuvre du programme "Petites Villes de demain" visant à revitaliser les centres-villes de 800 à 1.000 petites villes, débute rapidement. Le Premier ministre avait dévoilé cette politique lors des Assises des petites villes de France, le 19 septembre dernier. "Demain, ce n’est pas après-demain", a souligné Christophe Bouillon. Il a souhaité que d’ici les prochaines Assises des petites villes de France, qui se dérouleront les 17 et 18 septembre à Eysines, dans la banlieue de Bordeaux, "l’on soit en capacité d’annoncer les premières villes (…) qui seront dans le dispositif". En insistant aussi sur le fait que ce dernier devait bien s’adresser en priorité aux petites villes.
"Nous sommes impatients de voir se dessiner à travers le texte que vous allez porter, dit ‘3 D’[comme "décentralisation, différenciation et déconcentration"] la future organisation de nos territoires et des collectivités", a également confié le président de l’APVF, en s’adressant à la ministre de la Cohésion des territoires.
"Des preuves d’amour"
Reconnaissant que le gouvernement avait déjà manifesté des "preuves d’amour" à l’égard des élus locaux, Christophe Bouillon a demandé d’"aller plus loin". "En ce qui concerne les villes, en particulier les petites villes, nous souhaitons que la saison des amours soit une saison qui dure longtemps", a-t-il dit. Ni "complaisante ", ni "opposante", l’APVF est "proposante", a-t-il poursuivi.
"Nous sommes dans le timing" pour la mise en place du programme "Petites Villes de demain", a répondu Jacqueline Gourault, qui était présente. Invitant les élus à ne pas nourrir d’"inquiétude", elle a rappelé que le gouvernement s’était engagé sur une mise en œuvre "après les élections municipales".
Sur le projet de loi "3 D" qu’elle a la charge de préparer d’ici la fin du premier semestre, la ministre a dressé un bref bilan des trois premières réunions de concertation régionale avec les élus locaux, qui se sont tenues à Arras le 6 janvier, à Agen le 13 janvier et à Dijon, le 20 janvier. "Les réunions me montrent que les élus sont en attente de souplesse, de différenciation, d’outils entre niveaux de collectivités territoriales pour pouvoir discuter entre elles de compétences", a-t-elle indiqué. En se disant par ailleurs "frappée par les thèmes (…) novateurs et innovants (…) qui apparaissaient dans les discussions" : la transition écologique "s’élargit à des sujets auxquels on n’avait pas beaucoup pensé", comme "la ressource en eau", ou encore "la gestion des forêts". Ces deux thèmes ont souvent été mentionnés au cours des ateliers de la réunion de concertation qui s’est tenue lundi soir à Dijon. "Les élus nous demandent une simplification de l’État sur les territoires", a aussi déclaré Jacqueline Gourault.
"Au moins une maison France services dans chaque canton"
S’exprimant, enfin, sur les maisons France services voulues par le président de la République pour répondre aux besoins de proximité, et dont le nombre est aujourd’hui de 460, la ministre a assuré que les labellisations vont "continuer au fil de l’eau". 72 nouvelles maisons France services recevront le label en février. Ce travail qui se poursuivra "tout au long de l’année" permettra à chaque canton de disposer d’"au moins une maison France services", a-t-elle dit. Ce qui signifie que certains cantons en auront plusieurs.
"La première maison France services reste la mairie", avait affirmé, quelques minutes plus tôt, le président de l’APVF, Christophe Bouillon. Une manière d’appeler le gouvernement à s’appuyer sur les maires dans la mise en œuvre des politiques.