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Résilience des réseaux et retards sur l’IPV6 au menu du rapport 2021 de l’Arcep

Dans son rapport annuel 2021 sur l’état de l’internet, l’Arcep consacre un long chapitre à l’épisode du confinement du printemps 2020. L’autorité détaille aussi sa stratégie de mesure de qualité de l’internet fixe et alerte sur les retards pris dans le déploiement d’IPV6.

Dans son rapport 2021 sur l’état de l’internet – qui traite des questions de régulation hors déploiements des réseaux –, l’autorité revient longuement sur l’épisode du confinement du printemps 2020. La généralisation du télétravail, du téléenseignement et l’augmentation de la consommation de vidéo ont ainsi provoqué une hausse du trafic de "l’ordre de 30%". "Internet a été au cœur de la résilience de notre pays et les réseaux ont tenu grâce à la mobilisation de l’ensemble des acteurs", s’est félicitée Laure de La Raudière, la présidente de l’autorité.

Difficultés très ponctuelles

L’autorité exclut en tous cas des problèmes de capacité ou d’interconnexion des réseaux télécommunication, les difficultés se concentrant sur les fournisseurs de contenus (sites internet sous-dimensionnés) ou sur des saturations ponctuelles des réseaux locaux (à l’image du réseau Wifi de l’autorité… dont les débits aléatoires ont perturbé le bon déroulement de la conférence de presse). L’Arcep souligne aussi les efforts faits par les grandes plateformes qui ont accepté de dégrader temporairement la qualité de leurs services, permettant au réseau de ne pas tomber. Il faut dire que ces plateformes – Facebook, Google et Netflix en tête – pèsent pour la moitié du trafic internet en France. Des ajustements qui n’auraient pas nui au principe de neutralité du Net, selon l’autorité – celui-ci interdit toute priorisation du trafic –, du fait de leur caractère "exceptionnel" et limité dans le temps.

Mesurer la qualité de service

La crise a par ailleurs montré la nécessité de disposer d’indicateurs fiables sur les débits réels (et non théoriques) des utilisateurs. L’Arcep voit ainsi sa démarche de mesure de la qualité de service de l’internet fixe confortée. Celle-ci passe par le déploiement d’un connecteur (API) dans les box des opérateurs. Généralisée à l’été 2022, cette API ne remontera que les caractéristiques de la ligne et de l’abonnement souscrit, la mesure reposant des logiciels que devront installer (volontairement) les abonnés. Une dizaine d’acteurs de la mesure (nPerf, Debitest60, 5Gmark…) se sont d’ores et déjà positionnés sur ce sujet. D’ici deux ans, les territoires devraient donc pouvoir disposer d’une cartographie des débits réels des habitants, avec des données au moins aussi fines que celles qui existent pour l’internet mobile.

Retards préjudiciables sur l’IPV6

Le rapport consacre par ailleurs un important volet à l’IPV6, le protocole d’adressage d’internet successeur de l’IPV4. Cette migration est indispensable pour faire face à la demande exponentielle d’adresses internet (objets connectés, capteurs…) et à l’épuisement annoncé des adresses IPV4. Or l’Arcep note que la migration tarde, le taux d’utilisation du protocole IPV6 n’atteignant que 42% à l’échelle métropolitaine. Les entreprises et les administrations seraient particulièrement en retard, avec par exemple à peine 2% des sites en .gouv en IPV6. Les réseaux d’initiative publique seraient également à la traîne dans son déploiement. Or, au-delà de la nécessité d’assurer le bon fonctionnement d’internet (et de la 5G), IPV6 serait aussi un maillon important de la lutte contre la cybercriminalité. Consciente du manque de ressources sur ce sujet technique, l’autorité a mis en place un Mooc pour aider les gestionnaires de réseaux à organiser la migration.