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ESS / Politique de la ville - Quand les collectivités accompagnent des projets ESS dans les quartiers

Quelles formes peut prendre l'accompagnement des projets d'économie sociale et solidaire (ESS) dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) ? Et comment les collectivités locales s'inscrivent-elles dans ces accompagnements ? Ce thème a été abordé le 18 septembre lors du séminaire du Réseau des collectivités territoriales pour une économie solidaire (voir notre article du 20 septembre), à travers la présentation de trois démarches.

Coopératives jeunesse de services : la collectivité permet le "croisement" de différents acteurs au bénéfice du territoire

Importées du Québec, les coopératives jeunesse de services (CJS) permettent à des groupes de jeunes de créer une entreprise coopérative le temps d'un été. Une cinquantaine de CJS ont ainsi mobilisé quelque 700 jeunes de 16 à 18 ans cet été en France et 60% de ces projets ont été portés en QPV. Des acteurs divers - jeunesse et éducation populaire, dont les centres sociaux par exemple, acteurs du développement économique et de l'ESS, collectivités locales… - accompagnent les jeunes aux différentes étapes, à commencer par la définition d'un projet utile au territoire. "Cela permet des croisements et de l'interconnaissance, on crée une culture commune sur un tel accompagnement. La collectivité est là pour crédibiliser, amener un peu des fonds et permettre ce croisement", a témoigné Emmanuelle Rousset, vice-président politique de la ville et ESS au département d'Ille-et-Vilaine. A Rennes, on expérimente aussi l'adaptation de la CJS à un public d'adultes en difficulté d'insertion, mobilisés dans la création d'un restaurant coopératif.

Mixité sociale et logement étudiant avec les "Koloc'" de l'Afev

Nombre de collectivités locales soutiennent également les Koloc' à projets solidaires, projets mis en œuvre par l'Association de la fondation étudiante pour la ville (Afev) depuis 2010. Il s'agit de "créer des passerelles entre le monde universitaire et le monde des quartiers", a expliqué Marie-Lise Bertrand, chargée de mission ingénierie logement à l'Afev. En échange d'un logement à loyer réduit dans un appartement en colocation, les étudiants s'engagent à consacrer plusieurs heures par semaine à des actions – environnement, éducation, culture… - au service du quartier. En 2018-2019, 758 étudiants sont ainsi logés dans une cinquantaine de QPV situés dans une trentaine de villes.
Pour Marie-Lise Bertrand, le "fort engouement des partenaires" – dont une quarantaine de bailleurs sociaux qui réhabilitent ou construisent, puis mettent à disposition de grands logements - s'explique par le fait que ce projet apporte des réponses à différents besoins : lien et mixité sociale, logement abordable pour les jeunes, amélioration du cadre de vie et de l'image du quartier.
Directrice adjointe du développement et de l'innovation d'Espacil Habitat, l'un des premiers bailleurs impliqués à Rennes, Amel Tebessi estime que ces impacts positifs justifieraient un changement d'échelle. Elle ajoute qu'il faudra pour cela "trouver un modèle économique stabilisé" pour inciter les bailleurs à s'engager sur de plus gros volumes et, surtout, régler les problèmes d'insécurité de certains quartiers pour attirer et maintenir davantage d'étudiants dans les logements.

Espace textile : animation et ingénierie pour aider les habitants à valoriser leurs compétences  

Créer du lien, capter les initiatives des habitants et permettre à ces derniers de monter en compétence et de développer leur activité : c'est l'objectif de l'Espace textile Rive droite. Ce centre de ressources a vu le jour dans le quartier de Carriet à Lormont, sous l'impulsion du groupement d'intérêt public Grand projet des villes Rive droite – rassemblant la métropole de Bordeaux et les communes de Bassens, Lormont, Cenon et Floirac – et avec le financement de la Caisse des Dépôts.
Le projet vise à soutenir les habitants ayant une activité de couture – de façon privée ou au début d'une démarche entrepreneuriale - en leur permettant d'avoir accès à un local, du matériel et des opportunités, notamment via la rencontre avec des des associations et des entreprises. Après une première phase encourageante – redynamisation du quartier, habitants entrés en formation ou développant leur chiffre d'affaires… -, un chargé de développement devrait être recruté pour aider les habitants à répondre à la demande. Si les membres du collectif sont fortement impliqués – communication, administration, achats… -, l'animation de ce type de projets est au démarrage indispensable pour encourager les habitants, donner des outils ou encore gérer les conflits, selon Ebène Hames, chef de projet au GPV Rive droite.

 

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