Le réseau radio du futur passe aux expérimentations de terrain

Le réseau radio du futur ouvrira en avril 2025. Accessible à l'ensemble des forces de sécurité, dont les polices municipales et les sapeurs-pompiers, le RRF est entré en phase de test avant un déploiement qui s'étalera jusqu'à 2027.

Initialement, le réseau radio du futur (RRF) devait être lancé début 2024 pour être pleinement opérationnel lors des Jeux olympiques. Ce réseau de communication dédié aux forces de sécurité ne sera finalement déployé qu'à partir d'avril 2025, selon l'Agence des communications mobiles opérationnelles de sécurité et de secours (Acmoss) qui coordonne sa mise en place. Initié par le président de la République en 2017, le RRF est un système national de communication mobile prioritaire, sécurisé et à haut débit. Il utilise la 4G et la 5G et mobilisera des équipements mobiles en cas de besoin pour être accessible 24h/24 sur l'ensemble du territoire en toutes circonstances. Le RRF est amené à prendre la suite de l'INPT (l'infrastructure nationale partageable des transmissions) et à remplacer de vieux réseaux utilisés par les forces de sécurité tels que Rubis, Acropol ou Antares pour "faire entrer les forces de sécurité dans l'ère de la donnée". Il promet d'assurer un "continuum de sécurité" en proposant une solution interopérable, chaque entité étant aujourd'hui enfermée dans un silo technique.

300.000 utilisateurs en 2027

Ce projet est piloté par l'Acmoss, une agence de l'État créée en mars 2023, dotée d'une soixantaine d'agents. Cet établissement public administratif est chargé d'assurer, comme le précise le décret du 30 mars 2023, "la conception, le déploiement, la maintenance et le fonctionnement des services mutualisés de communication mobile critique très haut débit pour les seuls besoins des missions de sécurité, de secours, de protection de la population et de gestion des crises et des catastrophes à la demande de l'État, des collectivités territoriales, des services d'incendie et de secours, des services d'aide médicale urgente et de tout organisme public ou privé chargé de mission de service public et d'intérêt général dans ces domaines" . Son ambition, rappelle l'agence dans un document bilan publié en avril 2024, est "d'améliorer considérablement la sécurité du grand public. La meilleure coordination des interventions, la réactivité accrue et la collaboration renforcée lors de la sécurisation d'événements majeurs contribuent à la gestion globalement plus efficace des situations d'urgence, réduisant ainsi les risques pour les citoyens", assure l'agence.

Au total, plus de 300.000 acteurs de la sécurité et des secours y auront accès à partir de 2027, dont les Sdis (service départemental d'incendie et de secours) et les polices municipales. Son périmètre pourra en outre être étendu à des opérateurs d'importance vitale tels que les gestionnaires de réseaux.

Infrastructure souveraine et accès prioritaire

La conception du RRF a été confiée à un consortium d'industriels, dont Airbus Public Safety and Security et Capgemini. Le réseau proprement dit mobilise les infrastructures mobiles d'Orange et de Bouygues Telecom. Les communications RRF bénéficient d'un accès prioritaire, d'un débit garanti et d'un droit d'itinérance national sur les réseaux des autres opérateurs. Il s'appuie aussi sur des centres de données souverains du ministère de l'Intérieur. Pour les personnels utilisateurs, le RRF prend la forme de terminaux "durcis" et d'une application mobile sécurisée autorisant, entre autres, le partage de données métiers, d'images et de géolocalisation. Les fonctionnalités de ces outils ont fait l'objet d'une concertation avec les services concernés, dont plusieurs Sdis et services de police municipale. Coté financement, l'Etat a pris en charge la création et le déploiement initial du réseau avec 345 millions d'euros sur la période 2020-2026. Les utilisateurs – dont les Sdis et polices municipales - devront cependant acquérir les terminaux, avec une subvention d'équipement de l'Etat – selon un système détaillé ici  - et contribuer aux coûts de fonctionnement et de maintenance du RRF.

Défi de la migration

En termes de calendrier, les premières briques des services de communication critiques du RRF ont été livrées et testées début juin comme vient de l'annoncer l'Acmoss sur Linkedin. Jugés "très satisfaisants" par l'Acmoss, ces premiers résultats lui permettent d'entamer des tests en région, dans la Loire, les Bouches-du-Rhône et le Val-de-Marne dès cet été. Le déploiement s'étalera ensuite sur 3 ans avec  : 
- 43 départements prévus en 2025, 
- 30 en 2026, 
- 24 en 2027. 
L'un des défis pour les Sdis et les polices municipales sera d'assurer une migration progressive et sans accroc entre les anciens et le nouveau système, même si l'Acmoss prévoit des "passerelles" avec le réseau INPT et les autres réseaux radio bas-débit (aéro, maritime, montagne).

› L'ANFR met à disposition OpenBarres pour vérifier la couverture 

Début juin 2024, l'Acmoss et l'Agence nationale des fréquences (ANFR) ont signé une convention de partenariat "relative à l'exploitation de données techniques collectées par l'application mobile OpenBarres". Cette application mobile permet à tout un chacun de mesurer le niveau d'exposition aux ondes – et donc aussi la puissance du signal et la qualité de réception – et de partager ces données. Coté grand public, cette application contribue à sensibiliser sur l'exposition aux ondes, côté pouvoirs publics, elle fournit, grâce aux points de mesure collectés, une cartographie de la couverture mobile effective. En accédant aux données, et notamment à celles reçues par des smartphones connectés au RRF, l'agence pourra "optimiser sa connaissance des réseaux de téléphonie mobile déployés dans les départements français pour le bénéfice des différents services de sécurité et de secours" et "disposera d’une meilleure appréciation des zones géographiques où la puissance du signal reçue est la plus faible".