Injection de biométhane issu des stations d'épuration urbaines : un guide technique pour accompagner les acteurs de la filière

En janvier 2024, 47 stations d'épuration urbaines (STEU) injectaient du biométhane dans le réseau de distribution de gaz, soit cinq fois plus de sites qu’en 2018. Avec 565 GWh/an de capacité installée, cela représente l’équivalent de la consommation en chauffage et en eau chaude sanitaire de plus de 77.400 logements ou de 2.260 bus roulant au BioGNV, rappelle le guide technique que vient de publier le Syndicat national des entreprises du traitement de l'eau, Syntheau, avec la contribution de la Banque des Territoires, GRDF, Amorce, la FNCCR, la Fédération professionnelle des entreprises de l'eau (FP2E) et ATEE Club Biogaz. D’ici à 2030, la capacité de biométhane injecté pourrait doubler et atteindre 1 TWh supplémentaire grâce au potentiel mobilisable sur une centaine de stations d’épuration, indiquent les concepteurs du guide d'accompagnement des acteurs, qui se fonde sur 10 ans de pratiques de 35 maîtres d’ouvrage d’unités de méthanisation de STEU en injection.

Les collectivités en première ligne

Destiné à tous les acteurs concernés par la filière biométhane, le document s’adresse particulièrement aux collectivités maîtres d’ouvrage sur les opportunités d’évolution de leurs stations d’épuration, ainsi qu’aux institutionnels, en charge de décliner les politiques de développement de projet de décarbonation. Il propose un état des lieux des enseignements sur la méthanisation en injection des STEU et passe en revue plusieurs questions majeures : le cadre réglementaire appliqué aux installations ; le choix de conception et d’exploitation technique ; la performance et les incidents d’exploitation ; les structurations contractuelles les plus fréquentes ; le financement ; les perspectives d’optimisation et d’innovation des sites.

Énergie renouvelable locale

Alors que les équipements d’épuration du biogaz et d’injection dans les réseaux font état de performances satisfaisantes, les promoteurs du guide insistent sur les opportunités de développement et les progrès technologiques attendus. Ils font valoir les atouts de la production de biométhane à partir des boues des STEU qui permet de produire une énergie renouvelable locale et de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Elle s’inscrit en outre dans un modèle d’économie circulaire et contribue à l’atteinte de la neutralité carbone en 2050. "Il s’agit donc d’une mesure clé dans la mise place d’un plan Climat Air Énergie territorial (PCAET), devenu obligatoire pour toutes les intercommunalités de plus de 20.000 habitants, rappellent-ils. D’autant plus qu’elle permet de réduire le volume de boues produites de -25 à -40 %, ce qui contribue à réduire le coût du service d’assainissement pour la collectivité." Au-delà des enjeux liés à l’énergie, à la réduction des émissions de CO2 et à la valorisation des déchets, la méthanisation permet de produire du digestat, un engrais naturel substituable aux engrais chimiques qui peut être épandu sur les terres agricoles ou composté, lorsque la qualité des boues le permet, ajoutent-ils.