Neufchâteau gère l'eau en régie autonome depuis 2001 et s'en félicite !
Jacques Drapier, maire de Neufchâteau dans les Vosges, se révèle intarissable sur le sujet de la gestion de l'eau dans sa commune. "Mon prédécesseur a délégué la gestion de l'eau de la commune en 1988. Et j'ai fait de même pour l'assainissement en 1993. Au bout de 7 ans, je me suis aperçu que je ne maîtrisais absolument plus le prix qui était facturé aux usagers. Malgré mes demandes répétées d'explications, l'opacité des comptes était totale et l'entreprise me disait perdre de l'argent à Neufchâteau ! En 2001, il restait 18 ans de contrat à courir pour l'eau et 23 ans pour l'assainissement. J'ai rompu les contrats et nous avons repris l'ensemble en régie d'abord municipale, ensuite autonome."
Il a fallu que la ville construise un bâtiment pour abriter la régie, une station d'épuration et une usine d'eau potable, pour un peu plus de 7 millions d'euros. "Malgré ces dépenses, poursuit Jacques Drapier, nous avons réussi à baisser le prix de l'eau d'un euro par m3. Nous avons engagé un expert qui, durant deux ans, a étudié la gestion de l'eau par la CEO à Neufchâteau (réseau mal entretenu, nombreuses fuites...). Un maire doit la transparence à ses concitoyens, c'est une liberté fondamentale qu'il faut savoir reconquérir. Cela suppose toutefois de trouver les hommes qui vont savoir assurer le service public. Ici, c'est Pascal Cabley, à l'époque responsable des services techniques de la municipalité, et aujourd'hui directeur de la régie autonome qui a permis, avec son équipe, la réalisation et le succès de l'opération de reprise en main de la gestion de l'eau et de l'assainissement."
La régie autonome trouve une nouvelle jeunesse
Ce n'est pas simple, mais Pascal Cabley explique très clairement les conditions de la réussite : "Reprendre le service de l'eau, c'est d'abord choisir un mode de gestion adapté." La loi de création d'une régie autonome existe depuis 1926. Elle est sous-utilisée et c'est dommage ! De plus, au cours des années, d'autres amendements à cette loi ont permis aux régies de travailler avec leur propre comptable, d'avoir un compte bancaire dans un organisme privé, et pouvoir ainsi gérer, de façon dynamique, les comptes et offrir aux clients des modalités modernes de paiements (TIP, carte bancaire, chèque...).
Bien entendu, il a fallu recruter des personnes pour faire tourner la boutique : dans le domaine des travaux publics, pour rechercher les fuites sur le réseau, dans le domaine administratif, pour faire signer de nouveaux contrats, pour relever les compteurs et établir la facturation.
Le réseau de clients compte 3.700 abonnés. Douze personnes ont été recrutées, dont huit pour l'entretien des réseaux d'eau et d'assainissement et des usines (usine de production d'eau, station d'épuration).
La commune de Neufchâteau vient d'adhérer à la nouvelle association baptisée EAU (pour Elus, Association, Usagers) dans laquelle se retrouvent les villes qui ont repris la gestion de l'eau, comme Varages dans le Var, ou Castres dans le Tarn. Jacques Drapier est membre du conseil d'administration.
La vieille régie autonome, qui évite la gestion de fait et donne toute la souplesse indispensable à un service public, semble avoir encore de beaux jours devant elle.
"En conclusion, à Neufchâteau, l'intérêt du "citoyen-consommateur" est largement sauvegardé, puisqu'une projection nous montre que si nous étions restés en délégation, le prix du m3 d'eau serait le double de celui qu'il paie actuellement. "
Jean-Luc Varin, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis
Ville de Neufchâteau
Nombre d'habitants :
Jacques Drapier
Régie autonome des eaux et de l'assainissement de Neufchâteau (Reane)
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