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Des réseaux de chaleur à développer et à verdir

Selon l'enquête annuelle publiée ce 9 novembre par le Syndicat national du chauffage urbain et Amorce, les réseaux de chaleur ont franchi en 2020 la barre symbolique des 60% d'énergies renouvelables et de récupération. Mais les professionnels estiment qu'il reste "un gros travail à faire" pour développer le chauffage urbain.

Pour exploiter le potentiel des réseaux de chaleur et rattraper leur retard sur les objectifs en matière d'énergies renouvelables, il faudra décarboner et densifier les réseaux existants, en créer de nouveaux et surtout sensibiliser le public, ont affirmé ce 9 novembre les représentants du secteur lors de la présentation de l'enquête annuelle sur les réseaux de chaleur et de froid réalisée par le Syndicat national du chauffage urbain (SNCU) en collaboration avec Amorce, sous la tutelle du service de la donnée et des études statistiques du ministère de la Transition écologique.

Accroître encore la part des énergies renouvelables

Sur les 671 térawatt-heures de chaleur produite en 2020 en France, seuls 25 le sont par des réseaux de chaleur, systèmes de production centralisée qui desservent plusieurs usagers grâce à des fluides caloporteurs. Cette part "stagne" alors que ce mode de chauffage est produit à plus de 60% à partir d'énergies renouvelables et de récupération contre 23% pour l'ensemble, ont indiqué les professionnels du secteur. "Il y a un gros travail à faire", a déclaré Aurélie Lehericy, présidente du SNCU, rappelant que l'objectif est de tripler la part des énergies renouvelables (EnR) - biomasse, géothermie, traitement des déchets - d'ici à 2030. 
Entre 2019 et 2020, la part des EnR a grappillé un petit point, quand le gaz continue d'alimenter plus d'un tiers des réseaux, devant la valorisation énergétique des déchets (27,3%), la biomasse (22,8%), la géothermie (5,6%) et les autres énergies comme le biogaz et la chaleur fatale (4,5%). 
Plus tôt mardi, lors du décryptage RTE sur les scénarios énergétiques, Thomas Veyrenc, directeur exécutif chargé de la stratégie, a rappelé que le chauffage urbain allait notamment devoir se développer pour abandonner les énergies fossiles. Un quart des réseaux de chaleur, qui représentent 39% des livraisons, n'auront pas le choix puisqu'ils ne respectent pas les normes (RE2020) en matière d'émissions carbone. Les nouveaux bâtiments seront par ailleurs obligés à partir de 2022 d'envisager cette solution ou d'en adopter une "au moins aussi vertueuse", selon Alexandre Dozières de la direction générale de l'énergie et du climat.

Créer de nouveaux réseaux dans les villes moyennes

Pour atteindre les objectifs, les représentants du secteur estiment qu'il faut décarboner massivement les réseaux existants pour se conformer, entre autres, à la nouvelle réglementation environnementale des bâtiments neufs (RE2020) et densifier les réseaux vertueux. Ils jugent aussi nécessaire d'en créer de nouveaux, notamment dans les villes de moins de 50.000 habitants, la moitié d'entre elles en étant encore dépourvues. Mais l'un des obstacles majeurs selon Nicolas Garnier, délégué général de l'association Amorce, est le "tropisme" pour l'électricité en France alors que les prix de celle-ci sont volatils. Idem du côté du gaz, dont les cours ont explosé, faisant des réseaux de chaleur la plus compétitive et la plus stable des options, selon l'étude.

Avantages compétitifs

Le prix de vente moyen de la chaleur livrée par réseau était de 73,5 euros HT/MWh en 2020 (-1,5% par rapport à l'année précédente). "La stabilité des prix de la chaleur livrée par réseaux résulte du bouquet énergétique des réseaux et d’une part fixe dans leur tarification, soulignent les professionnels. En effet, la variété de leur bouquet énergétique permet d’atténuer l’impact les variations des prix des énergies fossiles sur le prix moyen. Les réseaux sont également préservés des fluctuations internationales grâce à l’approvisionnement local en EnR comme le bois énergie, la géothermie ou la valorisation des déchets, dont les prix sont plus stables." Le prix de la chaleur livrée est en outre compétitif en coûts complets (facture énergétique, coûts de maintenance et amortissement des investissements engagés), font-ils valoir : en 2020, chauffer un logement moyen consommant 170 kWh/m2/an par un réseau de chaleur vertueux (taux d'ENR supérieur à 50%) coûtait environ 1.200 euros TTC/an contre environ 1.400 euros TTC/an pour une alimentation au gaz collectif et un peu moins de 2.000 euros TTC/an avec une pompe à chaleur individuelle.
Selon la Cour des comptes, ces réseaux constituent "une contribution efficace à la transition énergétique insuffisamment exploitée" en France. Pour y remédier, les représentants du secteur insistent également sur la nécessité de développer les "subventions" et la "sensibilisation" des élus et du public.

 

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