Des dispositifs "inédits" pour lutter contre les retards des trains Paris-Clermont-Ferrand
La ligne SNCF Paris-Clermont-Ferrand, connue pour ses retards à répétition, va bénéficier de mesures "inédites" afin d'améliorer le trafic, ont annoncé ce 23 février le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, et la SNCF.
Le dispositif annoncé ce 23 février pour améliorer la circulation des trains entre Paris et Clermont-Ferrand, qui fait appel à des locomotives en soutien, "n'existe sur aucune autre ligne", a souligné Christophe Béchu, venu dans le chef-lieu du Puy-de-Dôme avec l'objectif de mettre fin à "une situation objectivement insupportable", sur un axe ferroviaire fréquenté par 1,8 million de voyageurs en 2023. Le 19 janvier dernier, 747 passagers du train parti de Paris avaient subi un retard de plus de 7 heures par grand froid, provoquant un nouveau sursaut d'exaspération. Une semaine plus tard, le gouvernement demandait à la SNCF de lui fournir un "plan d'actions complémentaires à très court terme" pour améliorer le trafic sur cette ligne Intercités, parmi les moins fiables du réseau des trains d'équilibre du territoire (TET) dont l'État est autorité organisatrice. Selon les chiffres avancés par le ministre ce vendredi, un retard de plus d'une heure est relevé en moyenne deux fois par semaine, et un retard de plus de trois heures tous les quinze jours. Environ 40% des retards sont liés "au ferroviaire", souvent des pannes de locomotive, et 60% à des causes externes (intrusion sur le réseau, intempéries, présence de gibier...).
Le ministre, accompagné du PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, et des patrons de SNCF Réseau et SNCF Voyageurs, a présenté un programme destiné à "agir sur les causes des grands retards", en trois axes : ajouter des locomotives, protéger les voies, améliorer la gestion de crise.
Nevers comme "centre névralgique" de gestion
Principale mesure : le stationnement à partir de fin mars d'une locomotive statique de dépannage à Nevers, qui doit permettre de réduire de deux heures à 30 minutes le temps d'intervention en cas de panne, a expliqué Jean-Pierre Farandou. "Nevers devient le centre névralgique de gestion des incidents", souligne-t-il, qualifiant le plan préparé en un mois par la SNCF de "solide". À partir du mois de mai, les derniers trains de la journée (dans chaque sens) seront en outre suivis par une locomotive de secours.
Côté sécurisation des voies, il est prévu un large programme de pose de clôture et de débroussaillage. "On va traiter cette ligne comme on traite une ligne à grande vitesse", a souligné Jean-Pierre Farandou devant la presse, "une grande première" pour une ligne classique. "A défaut d'avoir une ligne à grande vitesse, il faut que les caractéristiques de cette ligne soient comparables en termes de confort et de sécurisation", a abondé Christophe Béchu.Ce programme coûtera 10 millions d'euros à SNCF Réseau d'ici 2026 et 9 millions à SNCF Voyageurs.
La SNCF prévoit aussi une meilleure prise en charge des voyageurs bloqués dans le train et un meilleur remboursement en cas de grand retard.
Régénération des infrastructures en cours
Le plan d'urgence intervient alors que la ligne fait l'objet d'un programme de "regénération" des infrastructures sur la période 2018-2026 à hauteur de 760 millions d'euros, ainsi qu'un programme de modernisation de 130 millions d'euros. Douze nouvelles rames "Oxygène" ont été commandées, pour 350 millions d'euros, dont les premières doivent arriver "au mieux" au deuxième semestre 2025 et la totalité livrée dans les douze mois suivants, a précisé le ministre de la Transition écologique.
"Globalement le compte y est", a réagi Stéphanie Picard, porte-parole du collectif des usagers du train Clermont-Paris, qui a assisté à la présentation du programme. "On va quand même attendre d'avoir la 'loc' à Nevers", a-t-elle ajouté, et "rester attentif" à l'après-2026, et au projet de long terme pour la ligne. Le collectif aimerait voir un trajet réduit à deux heures et demie, contre un peu plus de trois heures.
Pour le lien avec les élus locaux et le suivi des travaux, un "Monsieur Paris-Clermont" a été désigné au sein de la SNCF.