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Culture - Maisons d'écrivains : les collectivités aux premières loges

Deux événements viennent, coup sur coup, illustrer le rôle central des collectivités dans la préservation et la mise en valeur des maisons d'écrivains. Le 25 mai, la maison de Colette à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne, 900 habitants) - celle de sa mère Sido, où elle passa toute son enfance - a ainsi été ouverte au public après plus de deux ans de travaux (1,5 million d'euros) et des années d'incertitude sur le sort de cette belle demeure bourguignonne. C'est finalement l'intervention du département, aux côtés de l'Association des amis de Colette, qui a sauvé la maison et permis de lancer sa restauration.

57% des maisons d'écrivains appartiennent à une collectivité

Le 20 juin, la ville de Manosque (Alpes-de-Haute-Provence, 23.000 habitants) annonçait officiellement l'acquisition de la maison de Jean Giono, cédée le 31 mars par la fille de l'écrivain. Ce dernier a vécu la plus grande partie de sa vie dans cette maison, où il a rédigé l'essentiel de son œuvre. Acquise pour un montant de 634.000 euros - avec le soutien de la fondation Pierre Bergé -, la maison accueillera le public, après d'importants travaux. Objectif : une ouverture en 2020, pour le cinquantième anniversaire de la mort de Jean Giono.
Commanditée par le ministère de la Culture et la Fédération nationale des maisons d'écrivains et des patrimoines littéraires, une étude très fouillée de 2012 éclaire le rôle des collectivités dans la préservation et la mise en valeur des maisons d'écrivains. Portant sur un échantillon de 125 maisons d'écrivains - un recensement précis reste à faire -, l'étude montre que 77% d'entre elles appartiennent à une personne morale, 13% à un particulier (ayant racheté la maison) et 10% à un ayant-droit de l'écrivain. Plus précisément, 57% des maisons d'écrivains appartiennent à une collectivité territoriale et 6% à l'Etat, le reste se répartissant - hors personnes physiques - entre associations, fondations et SCI. La majorité des maisons d'écrivains (55%) ont été acquises par le biais d'un achat - comme dans le cas de Manosque -, contre 19% par héritage et 13% par donation.

750 personnes pour faire vivre 117 maisons d'écrivains

En termes de gestion des maisons d'écrivains, les collectivités sont également au premier rang avec 48% du total, devant les associations (14%), l'Etat (6%) et les fondations (3%), le reste correspondant essentiellement aux propriétaires privés. Au total, les 117 maisons d'écrivains ayant répondu à cette question emploient 533 salariés et 220 bénévoles, soit une moyenne de sept à huit personnes par maison.
Le financement - ou la part de financement - des collectivités provient en majorité des communes (37% du total) et des départements (34%), suivis par les régions (18%) et les intercommunalités (10%). Si on considère l'ensemble des ressources des maisons d'écrivains, 48% provient des collectivités, 35% des ressources propres, 12% de l'Etat, 3% du parrainage et 2% du mécénat.
La reconnaissance des maisons d'écrivains s'est faite très progressivement - principalement sous l'impulsion d'associations -, avant que les pouvoirs publics prennent le relais. Ainsi, sur les 125 maisons de l'échantillon, 46 bénéficient du nouveau label "Maisons des illustres" (voir nos articles ci-contre), 34 du label "Musées de France", 6 du label "Jardin remarquable", tandis que quatre sont inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco et quatre au patrimoine du XXe siècle.