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Patrimoine - Le centre des réserves du Louvre-Lens se précise

Dans une question écrite, Alex Türk, sénateur (UMP) du Nord, s'interroge sur l'avancement du projet de création, sur le site du Louvre-Lens, d'un centre de stockage des réserves des musées exposés aux crues centennales de la Seine : le Louvre, mais aussi Orsay, l'Orangerie, les Arts décoratifs... Selon le sénateur, "chacun sait que des dizaines de milliers d'œuvres se situent sous le niveau de la Seine et que, selon les spécialistes, à plus ou moins long terme, une crue de la Seine causera des dommages irréversibles aux collections".

Livraison en fin d'année 2017

Dans sa réponse, la ministre de la Culture détaille le périmètre et le calendrier du projet en cours de finalisation entre Le Louvre et le conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, principal financeur du Louvre-Lens. En termes de calendrier, une étape importante a été franchie le 2 octobre dernier, avec la signature - par le ministère de la Culture et de la Communication, la région Nord-Pas-de-Calais et l'établissement public du musée du Louvre - d'un protocole relatif à la création de ce centre de réserves (voir notre article ci-contre du 7 octobre 2013). La programmation et le lancement d'un concours de maîtrise d'œuvre auront lieu cette année, tandis que le choix du maître d'œuvre et la réalisation des études s'étaleront sur 2015 et 2016. Les marchés devraient être attribués à l'automne 2016, "pour aboutir à une livraison de l'équipement en fin d'année 2017".
La réponse ministérielle apporte aussi des précisions sur le périmètre de ces futures réserves du Louvre-Lens. Contrairement au projet initial d'un centre accueillant toutes les réserves "inondables" des musées parisiens, elle confirme que le site se bornera à accueillir une partie des réserves actuelles du Louvre. Comme l'explique la réponse, "pour les autres institutions (musées d'Orsay et de l'Orangerie, des Arts décoratifs et Ecole nationale supérieure des Beaux-arts), les objets restant présents dans différentes réserves sont entreposés dans des conditions permettant leur déplacement vers des zones protégées au sein de chaque établissement dans le délai de 72 heures". Ce délai correspond à celui de la période d'alerte fixée par le plan de prévention du risque inondation (PPRI) de la préfecture. Sans oublier qu'une partie des réserves de ces musées bénéficie déjà d'un site non inondable (environ 10.000 mètres carrés) choisi à proximité immédiate de Paris - mais sur lequel le ministère reste discret pour des raisons de sécurité - et permettant d'accueillir dans de bonnes conditions de sécurité et de conservation les collections nationales.

Des ambitions revues à la baisse

Le projet final des réserves du Louvre-Lens - tel que le détaille la réponse ministérielle - est donc très loin du projet de création d'un "Centre national de conservation, de restauration et de recherches patrimoniales". Celui-ci avait fait l'objet d'un appel à candidatures en 2008, avant d'aboutir - après plusieurs épisodes - au choix du site de Cergy-Pontoise (voir notre article ci-contre du 7 octobre 2009).
Il était alors question d'une surface utile de 86.000 à 150.000 m2, de la création d'environ 300 emplois permanents et d'un investissement compris entre 200 et 400 millions d'euros. En outre, cet équipement devait être au centre d'un "cluster" regroupant des entreprises et des lieux de formation liés au patrimoine.
Mais le projet - qui n'avait pas encore été très loin dans sa mise en œuvre - a finalement été intégré à la liste de projets abandonnés annoncée par Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture, peu de temps après sa prise de fonction (voir notre article ci-contre du 1er octobre 2012). Il a rejoint ainsi la maison de l'Histoire de France, le musée de la photo à Nevers, la salle supplémentaire pour la Comédie-Française ou le déménagement de l'école de photographie d'Arles. Le nouveau projet des réserves du Louvre-Lens en est un écho lointain, mais avec un périmètre et des ambitions revus fortement à la baisse.

Références : question écrite n°08931 d'Alex Türk, sénateur du Nord, et réponse du ministère de la Culture et de la Communication (JO Sénat du 15 mai 2014).