La Fédération des OPH se penche sur le potentiel de décarbonation de la chaleur des logements du parc social

La Fédération des offices publics de l’habitat a présenté mardi 24 septembre à l’occasion du congrès de l’USH une étude pilotée par la Banque des Territoires destinée à établir le potentiel de décarbonation des systèmes de production de chaleur et d’eau chaude sanitaire au sein de son parc de logements sociaux.

La Banque des Territoires, Pouget consultants et Énergies demain publient une étude portant sur le potentiel de décarbonation du parc des offices publics de l'habitat (OPH) en matière de production de chaleur et d’eau chaude sanitaire. L’étude passe ainsi au crible les atouts et les freins liés à la mise en œuvre de solutions techniques aujourd’hui éprouvées, mais pas toujours adaptables aux logements existants : la chaufferie biomasse, la géothermie, le solaire thermique, la récupération de chaleur sur eaux grises, le photovoltaïque, la méthanisation, les réseaux de chaleur urbains ou encore les pompes à chaleur. Pour l’occasion, Laurent Goyard, directeur général de la FOPH, relève qu’il est essentiel "que les pouvoirs publics soutiennent financièrement, dans la durée, les bailleurs sociaux" en créant par exemple un dispositif "MaPrimRénov' HLM" qui serait doté d’au moins 1 milliard d’euros par an afin que l’ensemble des quelque 5 millions de logements concernés "soient au rendez-vous de la loi Climat et Résilience". 

Premier constat : la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique des adhérents de la FOPH et plus largement des logements du parc social dans son ensemble, doit "nécessairement augmenter". En clair, une partie des systèmes de chauffage et d’eau chaude sanitaire existant devra être remplacée par de nouvelles solutions de production de chaleur domestique. À ce jour, 54% des installations recensées fonctionnent au gaz naturel. Reste que le potentiel de chaque solution varie selon les usages et le volume de logements présentant un potentiel d’intégration, souligne l’étude. En croisant les données, les rédacteurs ont pu déterminer que les pompes à chaleur, le solaire thermique et le raccordement à des réseaux de chaleur existants "présentent les plus grands potentiels" en termes de décarbonation, soit un potentiel allant de 166.000 à 524.000 logements selon la solution technique envisagée.

Un potentiel différent selon les typologies de logements

En allant plus en profondeur, l’étude pointe un potentiel "multi-solutions" qui se traduit par le fait que dans chaque parc des adhérents de la FOPH, certains bâtiments permettraient d’intégrer plusieurs solutions, alors que d’autres ne le permettraient pas : 59.000 logements ont un potentiel fort pour au moins deux solutions de production de chaleur ; 528.000 affichent un "potentiel fort d’intégration d’une solution" ; 187.000 ont un potentiel fort uniquement pour une production d’eau chaude sanitaire ; et 897.000 "ont aucun potentiel fort d’intégration".

Des propositions pour massifier l’intégration de solution de décarbonation

Ces différents constats établis, l’étude met sur la table une série de propositions afin de massifier l’intégration de solutions de décarbonation "à condition que les moyens financiers soient au rendez-vous" : l’identification des sites les plus favorables à la création de mini-réseaux urbains ou boucles d’eau tempérée ; l’équipement des chargés d’opération et des services patrimoniaux avec des outils "pour pré-identifier les solutions les plus pertinentes" ainsi que l’ingénierie financière nécessaire pour leur mise en œuvre ; l’intégration de certains systèmes de décarbonation dans les marchés de renouvellement des composants ; un appui plus systématique sur les retours d’expérience au sein du réseau des OPH ; mieux intégrer les industriels dans la mise en œuvre des systèmes innovants ; stipuler contractuellement une garantie de performance "pour les opérations les plus ambitieuses" ; intégrer des critères liés à la formation et au développement des compétences dans les modes de sélections des opérateurs ; accorder l’octroi de dérogations pour atteinte du label BBC en cas de raccordement à des réseaux en voie de décarbonation ; identifier le potentiel de mutualisation avec d’autres usages ; et enfin alléger les contraintes juridiques "qui freinent le déploiement de ces solutions".