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Journaux de collectivités : les éditos, c'est pas vraiment ça !

Cap'Com, le réseau des professionnels de la communication publique et territoriale, a aidé les étudiants en master de communication de l'université Bordeaux-Montaigne à réaliser une étude originale sur les éditoriaux des journaux municipaux. Les 17 étudiants du master ont ainsi dépouillé et analysé tous les éditoriaux parus en 2019 dans les magazines de 41 communes réparties sur tout le territoire.

L'éditorial occupe en effet une place à part dans ces supports, puisque, comme l'explique Cap'Com, les dircoms "ont rarement la main sur l'édito, qui leur parvient souvent tardivement". Globalement, les éditos présentent une forme très traditionnelle et peu engageante. Rares sont en effet les collectivités qui les traitent sous une forme plus moderne, dynamique et illustrée, par exemple par le biais d'une interview.

L'étude montre aussi une déconnexion avec l'actualité nationale. Ainsi, et malgré la période étudiée, il n'est pas question de gilets jaunes, ni même, plus largement, de la crise sociale que traversait alors la pays. Selon les étudiants du master, "les maires prennent acte de l'actualité sur un mode souvent euphémisé et sur celui du constat. Les gilets jaunes ne sont pas localisables et nous pourrions aller jusqu'à dire : ils n'ont pas de lieux, pas de géolocalisation dans les discours des maires. Ils ne sont jamais dans les villes, communes, villages que nous avons étudiés". Outre le fait que ce type de prise de position nationale susciterait sans doute des réactions de la part de l'opposition municipale, on peut aussi voir dans ce choix, de façon plus positive, une volonté délibérée de se centrer sur l'actualité locale.

C'est d'ailleurs ce que font les maires de l'échantillon puisque, "ces textes servent avant tout à informer les habitants des nouveautés qui concernent la vie locale : travaux de voirie, infrastructures, réorganisation des classes de l'école municipale". Les étudiants relèvent aussi "beaucoup d'empathie pour les habitants ; le maire parle directement de ce qu'il fait pour améliorer la vie de la commune". Un discours très majoritairement centré sur l'action publique de terrain, mais qui n'est pas forcément en phase avec les attentes des habitants. Et Cap'Com de s'interroger : "En une période où la défiance touche les élus politiques tout comme l'ensemble des médias, ne faudrait-il pas repenser l'édito du maire ? N'est-il pas là pour exprimer une opinion, pour prendre une position ? Ne devrait-il pas se saisir de l'actualité, replacer l'action municipale au regard des débats nationaux ?". Même si, comme le pense Cap'Com, les maires issus des élections de mars prochain – et notamment les nouveaux élus – "ne manqueront pas d'aborder cette question avec leur dircom", rien ne dit que l'éditorial traditionnel n'a pas encore de beaux jours devant lui.

 

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