À Cruzilles-lès-Mépillat, une église solaire (01)

L’église de Cruzilles-lès-Mépillat, commune rurale de 890 habitants dans l’Ain, produit depuis une dizaine d’années de l’électricité. Lors d’un chantier de rénovation, les élus ont fait le choix d’installer des tuiles photovoltaïques pour répondre à un souci de développement durable, mais aussi au financement des travaux à mener sur l’église. Les petites communes font souvent face à des difficultés pour assurer la conservation et l'entretien des lieux de culte qui ont été construits avant 1905, et qui leur appartiennent. En 2010, après la restauration de la charpente, de la couverture en ardoise du clocher et les travaux de restauration sur l’église Saint-Denis, qui date de 1870, les élus doivent changer les tuiles du bâtiment. Ils proposent alors d’installer des tuiles solaires et consultent l’architecte des bâtiments de France, les autorités ecclésiales et les citoyens de la commune.

120 m2 de tuiles solaires

Les tuiles photovoltaïques sont installées en 2012, sur la partie sud de la nef, pour garantir une harmonie visuelle avec le clocher en ardoise. La surface de tuiles, 120 m2, correspond aux besoins annuels d’environ six familles, hors chauffage. Le résultat est conforme aux demandes de l’architecte, qui a émis plusieurs recommandations sur l’aspect des autres éléments de l’église et la solidité de l’ouvrage. La nouvelle toiture a finalement séduit la majorité des habitants et la commune a précisé que les bénéfices futurs de la vente d’énergie pourraient servir à l’entretien du bâtiment. « Il a fallu convaincre. Mais aujourd’hui, on ne voit parfois même pas qu’il y a des tuiles solaires et ça se passe très bien », note le maire de la commune, Dominique Boyer.

97 000 euros d’investissement

L’aspect économique a été un des leviers principaux dans la réalisation de ce projet. Le coût d’installation était d’environ 97 000 euros hors taxes, contre environ 30 000 euros pour des tuiles en ardoise. Mais la commune a obtenu des subventions : 31 400 euros de l’État via la Dotation d'équipement des territoires ruraux (DETR) et environ 19 000 euros de la Région. Avec une production annuelle théorique de 18 000 kWh, les revenus attendus étaient 8 000 à 10 000 euros par an, permettant un retour sur investissement en une douzaine d’années.

Le bilan fait toutefois apparaître une production plus faible que prévu, autour de 16 900 kW/h en 2020-2021 par exemple et des revenus de 4 000 à 6 000 euros suivant les années. Mais l’intégralité de l’investissement, comprenant les frais financiers, devrait être remboursée d’ici deux à trois ans, alors que la durée de vie de l’installation est d’environ 25 ans. « Nous n’avons pas eu de problème lors des travaux, pas de tempête ni de tuiles abîmées et cela demande peu d’entretien. Il y aura peut-être l’onduleur à changer bientôt, car il est prévu pour durer une quinzaine d’années », témoigne le maire.Ce projet montre qu’il est possible de rénover des bâtiments communaux, y compris ceux présentant des contraintes architecturales, en y intégrant des solutions de production d’énergie renouvelables. Il a également constitué un appui pour d’autres chantiers. L’installation de panneaux photovoltaïques sur un hangar municipal a été abandonnée pour des raisons techniques mais d’autres options sont étudiées, par exemple sur le toit de la mairie ou de futurs bâtiments municipaux.