Archives

Les engagements de l'Etat pour le réaménagement de l'aéroport Nantes-Atlantique

Allongement de 400 m de la piste, possible couvre-feu nocturne : après l'abandon de Notre-Dame-des-Landes, l'Etat a présenté ce 28 octobre son projet de réaménagement de l'aéroport Nantes-Atlantique, suscitant la colère du collectif de riverains, qui proteste contre les nuisances.

Le secrétaire d'Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebarri est venu présenter à Nantes ce 28 octobre les "engagements" pris à l'issue de la concertation publique qui s'est tenue de fin mai à juillet dernier sur le projet de réaménagement de l'aéroport Nantes-Atlantique.
Premier des 31 engagements, "la mise en place d'un couvre-feu est une attente forte et unanime", souligne le gouvernement dans ce projet. Une "étude d'approche équilibrée" a été lancée "dans l'objectif d'une interdiction de programmer les vols la nuit, entre minuit et 6h du matin, et d'une interdiction des avions les plus bruyants (...) de 22h00 à 06h00 du matin", est-il précisé. "Cette mesure pourra entrer en vigueur avant la fin de l'année 2021".

"Droit de délaissement exceptionnel"

Concernant le réaménagement de la piste, "les propositions de piste en 'V' et de piste allongée de 800 mètres ont été largement écartées par la plupart des participants" et l'Etat a tranché en faveur d'"un allongement de la piste existante vers le sud, sur une longueur de 400 mètres", accompagné d'un relèvement de l'altitude du survol du bourg de Saint-Aignan-de-Grandlieu, pour réduire les nuisances sonores. De nouvelles trajectoires d'approche sont également proposées pour permettre un survol à plus haute altitude de Nantes et de son agglomération. "Cet allongement ne permettra pas d'accueillir des avions plus gros que ceux qui fréquentent actuellement l'aéroport", assure le projet. Outre des aides à l'insonorisation déjà annoncées, est aussi évoqué un "droit de délaissement exceptionnel" qui permettra aux propriétaires de logements acquis entre 2010 et 2018, exposés à un niveau de bruit important, de les revendre à l'État.
En termes de capacité, l'aérogare sera agrandie pour permettre l'accueil de 11,4 millions de passagers par an à l'horizon 2040, contre 6,2 millions en 2018 et des réserves foncières sont prévues pour accueillir jusqu'à 15 millions de passagers par an, si les prévisions actuelles étaient dépassées. Ce réaménagement nécessitera l'acquisition d'environ 35 hectares de terrains et permettra de libérer 65 hectares.

"Aucune subvention publique"

Du côté du financement, l'Etat assure qu'"aucune subvention publique ne sera versée au futur concessionnaire pour la réalisation des travaux de réaménagement de l'aéroport, ni pour son exploitation". "Le préfinancement apporté par les compagnies aériennes en vue de la réalisation de l'ancien projet à Notre-Dame-des-Landes (abandonné début 2018 ndlr) contribuera à financer le réaménagement de Nantes-Atlantique."
Anticipant la publication d'un rapport "décevant", 80 personnes, selon le journal Presse Océan, se sont rassemblées lundi en fin d'après-midi devant l'aéroport, à l'appel du Collectif des citoyens exposés au trafic aérien (Coceta). "L'option qui a été retenue n'est pas une surprise" et "ne règle pas le problème des survols à basse altitude", a réagi le président du Coceta Joël Sauvaget, à l'AFP. "Le couvre-feu, c'était le strict minimum, et ce n'est pas acquis", selon lui. Quant à l'allongement de la piste, "on pourra nous verser toutes les compensations que l'on veut, cela ne réglera pas les nuisances", a souligné Joël Sauvaget.
La maire de Nantes et présidente de Nantes agglomération Johanna Rolland a noté de son côté "plusieurs éléments allant dans le sens d'une limitation des nuisances". Mais "l'Etat doit désormais concrétiser ses engagements pour répondre au double enjeu d'accompagner la dynamique du territoire et protéger les habitants", souligne l'élue dans un communiqué. Une priorité partagée par Gérard Allard, le maire de Rézé au sud de Nantes, pour qui "la protection des populations survolées" passe par une maîtrise du trafic et la mise en place d'un observatoire de la santé.